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n jeune homme séduisant, victime d’une malédiction qui lui fait perdre la mémoire chaque nuit de pleine lune, recherche désespérément ses origines. Créature immortelle ne pouvant s’empêcher de céder au besoin de morsure, ce prisonnier du temps parcourt des endroits différents sans parvenir à se souvenir de sa véritable identité.
Le premier tome de cette série en deux volumes de Matsuri Akino (Pet shop of Horror) est composé de quatre courts récits. Tout comme le protagoniste principal, le lecteur se retrouve légèrement désemparé au début de chaque chapitre, découvrant un nouvel environnement et de nouveaux interlocuteurs. Un découpage en épisodes qui permet donc de s’identifier au personnage central en partageant ce sentiment d’abandon qui découle de son amnésie et le plonge dans un cauchemar sans fin.
Malgré la reprise de nombreux éléments qui font le charme du genre, cette histoire de vampires parvient tout de même à sortir des sentiers battus. L’auteur choisit de ne pas se concentrer sur les capacités de transformation ou le côté bestial de ces êtres nocturnes, pour exploiter principalement leur immortalité et leur pouvoir de séduction. Matsuri Akino développe efficacement les liens qui unissent le vampire et sa victime en reprenant le symbolisme sensuel de la morsure. Une union encore renforcée par le partage du vécu, le sang ne servant ici que d’intermédiaire afin de nourrir sa mémoire défaillante des souvenirs de ses proies.
La recherche d’identité de cet amnésique errant est également bien amenée et accentue encore plus la dimension humaine de ce non-mort damné au sein d’un voyage solitaire éternel. Une quête de foyer, servi sur fond de drame familial, allant de l’appât de l’héritage à l’amour fraternel en passant par le poids d’une relation extraconjugale.
Se déroulant principalement en Angleterre aux XIXe et XXe siècles, au milieu de châteaux, domaines luxueux, intendants et femmes de chambre, Night exile tourne résolument le dos aux paysages transylvaniens sombres et brumeux. Le décor de la gentry londonienne correspondant probablement mieux au trait délicat et épuré de Matsuri Akino, tout en s’accordant admirablement à l’image raffinée et aristocratique laissée par le comte Dracula de Bram Stoker. Un graphisme qui convient parfaitement à ce pays où l’heure du thé est sacrée et qui souligne l’aspect shojo de cette série, dont la suite devrait déjà paraître au mois de novembre.
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