D
ob's est un code blanc, un humain né dans l'espace, convoyeur de minerai interplanétaire. Leen est une D-lone, un être créé génétiquement pour apporter du plaisir moyennant finance. A l'heure de la pénurie de naissance d'individus de sexe féminin, tout est fait pour qu'ils se rencontrent et soient à l'origine d'une ère nouvelle, tels les Adam et Eve d'un nouveau millénaire. Mais leur histoire n'est pas simple et est semée d'embûches…
Ce projet aura mis plus de dix ans à voir le jour. Commandé par l'éditeur japonais Kodansha en 1994, le travail fut interrompu faute d'argent. Cette première expérience permet à l'auteur de tester des nouvelles techniques de travail qui contribuent à faire naître Alvin Norge au Lombard. Tout n'aura donc pas été vain. C'est Dargaud, après avoir vu les planches publiées sur le site universBD.com, qui décide de relancer la série Io Memories.
Avec cet album, Chris Lamquet prend pied dans l'univers du manga avec un thème qui lui tient à cœur : le "hard science". Mélange de science-fiction, d'éléments contemporains et de technologie proche de la réalité. Un avenir plausible, même lointain, en quelque sorte. Revisitant le mythe d'Adam et Eve à la sauce érotico-futuriste, l'auteur se fait plaisir en rajoutant une touche d'humour à l'aide de répliques mordantes entre droïdes et humains, et en semant le trouble chez le lecteur grâce à l'intrusion dans le récit du créateur lui-même. Impossible alors de différencier ce qui est vrai de ce qui est inventé, et la confusion règne en maître en plein paradoxe spatio-temporel.
Entièrement créé en 3D à l'aide d'une tablette graphique, le dessin est ensuite retranscrit en 2D pour, selon Chris Lamquet, redonner une importance au trait. Et c'est plutôt réussit car l'aspect informatique n'est pas criant et le rendu est très proche d'un dessin "classique". L'auteur poussant même son double/protagoniste à inclure dans l'aventure un story-board pour brouiller les pistes. L'absence de couleurs et la présence de niveaux de gris finissent de renforcer l'impression de travail traditionnel.
Avant-gardiste, il a su faire ses armes sur ses albums précédents pour être à un niveau inégalé aujourd'hui dans son domaine. Il présente un résultat final comparable graphiquement à ceux de ses pairs de la planche à dessin. Et comme le scénario va, tout va... Vite la suite.
Non, cela ne le fait pas ! Et ce, malgré toute l'ingéniosité de cette univers intergalactique mêlé au sexe comme une sorte d'Adam et Eve dans l'espace. Yo men: l'érotisme fait vendre. Cependant, on ne croit pas une seule seconde à l'histoire d'amour entre un vieux pilote un peu enrobée et sa belle bombe anatomique qui est une poupée cybernétique. Certes, aux fin d’assouvir leurs besoins sexuels, les hommes ont développé des créatures artificielles: les drones.
Par la suite, l'auteur a réalisé « Alvin Norge », les aventures d'un ex-pirate informatique. Là encore, je n'ai pas trop accroché malgré une couverture aguicheuse. Io mémories était ambitieux n'hésitant pas à bousculer les codes du genre. C'est bien mais cela ne tient pas la route.