L
a terre est envahie (ou du moins sur le point de l'être) par une horde d'extraterrestres: la fin de l'humanité est proche. Pour faire face à ces agressions, le gouvernement met au point une nouvelle arme, les Trigs, des surhommes créés par un gène déclencheur (un "trigger").
Mis à part le manque flagrant de données scientifiques sur lesquelles de tels récits devraient impérativement se baser, il y avait dans cet embryon de scénario matière à développer une série d'un niveau honorable. Hélas, mille fois hélas, derrière cette intrigue plus ou moins accrocheuse se cache un développement absolument vide de tout intérêt. Car l'action se déroule bien après ces temps de guerre, alors que les Trigs sont retournés à l'anonymat. Mais ils sont victimes d'attentats inexplicables. S'ensuit la fuite en avant de l'un d'entre eux, Arès, qui tentera de découvrir la vérité.
La lassitude se fait très vite sentir. Parmi ces Trigs aux pouvoirs surhumains, le lecteur se sentira perdu… et bien peu convaincu! Hudnall semble avoir puisé dans son expérience du comics tous les clichés du genre, tous plus éculés les uns que les autres, pour nous gratifier d'un scénario morne, ennuyeux, pathétique. Le résultat fait bien pâle figure par rapport aux auteurs d'outre-Atlantique qui ont su dépasser l'image basique du superhéro pour composer des univers riches et autrement convaincants. Ici, pas un instant l'action n'est prenante, et l'on reste totalement indifférents au sort des personnages.
Et que dire du dessin? Il se veut simple et ne parvient qu'à être simpliste. Il se veut épuré et ne parvient qu'à être inexpressif. Pas le moindre décor pour embellir un coin de case, pas l'ombre d'un sentiment pour mettre en valeur un visage, pas même l'esquisse d'un mouvement pour rendre les scènes d'action un tant soit peu crédibles. Et nous passerons sous silence les couleurs informatiques qui ponctuent ce désastre.
En fin de compte, il s'agit d'un album qui aurait pu être innovant mais qui déçoit à chaque instant, notamment par une narration chaotique. Car il ne suffit pas d'avoir des idées, encore faut-il être capable de les développer et surtout de les structurer.
À la fin de ce tome, le lecteur, épuisé, est aux prises avec deux sentiments très forts: le soulagement d'en avoir enfin terminé avec cet album et la certitude de ne plus jamais y revenir.
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