- Mario Roman. Voilà que vos services sont de nouveau requis. (...) Cette mission n’attend plus que votre accord, désirez-vous l’accepter ?
- Acepto (Traduit de l’espagnol : j’accepte).
Dialogue relativement abstrait dans un ailleurs qui l’est tout autant, entre ce qui pourrait être deux esprits aux formes des plus vagues et des plus mouvantes. Celle répondant au nom de Mario reçoit sa « marque d’autorité » et se retrouve projetée dans un environnement plus terrien sous apparence humaine. Dans le fond d’une cave recelant quantité de fioles et de livres, il prend le temps de s’équiper avant de partir vers un village qui a tout d’inquiétant pour accomplir sa tâche : combattre un démon.
Samuel Hiti, dans ce livre premier de La fin des temps qui devrait en comprendre neuf, s’engage sur le terrain glissant de ce qui relève de l’ésotérisme. L’univers développé sous son trait n’est pas sans rappeler celui d’un David B et d’autres l’ont aussi comparé, par certains aspects, au travail de Frederik Peeters dans Lupus. Sans doute, mais à la différence notable que les albums d’un David B. présentent des angles d’approche par lesquels ils sont accessibles. Quant à Lupus, il s’agit d’un classique des plus intelligibles qui soit. Donc gare à la fausse route, La fin des temps est un album difficile. Certes il est possible d’y trouver une once de poésie, une profonde noirceur et une ambiance tourmentée, mais cela n’en fait pas moins un ensemble peu facile d’accès et ce n’est pas une utilisation des langues appropriée au contexte qui viendra soulager la tâche du lecteur.
Dans ce récit, l'auteur parvient à instaurer une atmosphère très sud américaine avec l’utilisation de l’ocre comme unique couleur en contrepoint du décliné de gris, variant entre noir et blanc. La narration est d’une lenteur absolue, chaque geste étant décortiqué à l’extrême. Mise en valeur du dessin ? Peut-être, à l’image des plans larges d’une relative beauté qui, croqués sous divers angles, accompagnent Mario sur le chemin qui mène au village où son office doit trouver sa source. C’est sans doute ce qui pourra attirer certains amateurs.
De par son sujet, de par son approche et surtout parce que le dessin ne parviendra pas à convaincre à lui seul les masses, cette bande dessinée semble destinée à un cercle des plus restreint.
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