Le Codex angélique est décidément une drôle de série. Ses auteurs semblent s’amuser à brouiller les esprits en naviguant entre faits tangibles, légendes millénaires, contexte historique avéré, récit fantastico-macabre et fantaisie déconcertante.
Avec Izaël, le triptyque s’ouvrait sur une série de meurtres sordides se déroulant à une époque où la presse et les enquêtes policières ont pris une autre dimension, pour ensuite évoluer vers l’ésotérisme et le stupre. Ce qui invitait à la voir sous un autre jour, cette époque qu’on appelait Belle. Là, les auteurs proposaient d’emboîter le pas à un jeune homme lettré issu d’un milieu aisé mais somme toute ordinaire. A quelques détails près. Adepte des substances illicites (absinthe, opiacées diverses), client fidèle d’une célèbre maison close de la ville où il s’adonnait au voyeurisme et passablement perturbé par l’acharnement témoigné par son oncle pour faire revenir à la vie sa mère défunte, son cas aurait pu plaider pour une nouvelle définition de la normalité.
Ce qui n’est pas nécessaire, puisque c’est un Thomas traumatisé et meurtri, sujet à la catharsis, que l’on retrouve interné à l’asile Sainte-Anne à l’ouverture de ce deuxième volet. Le patient est à ce point intéressant qu’il se retrouve entre les mains de deux praticiens portés sur les tests grandeur nature, l’un psychiatre spécialiste de l’absinthisme, l’autre de la psychanalyse et de l’hypnose. L’un paraît être Valentin Magnan, ici prompt au recours à l’électrochoc tous azimuts, l’autre Sigmund Freud, ici disposé à utiliser son divan pour basculer l’infirmière en chef dût-elle porter la cornette et la croix. Surprenant, sans qu’on soit tout à fait tenté de douter de la véracité ou de l’interprétation de faits historiques.
Etonnante aussi la conduite de l’enquête, ou plutôt des enquêtes, puisqu’une série de crimes a fait place à une autre, le mode opératoire a évolué, le motif et l’auteur c’est moins sûr. Elle est toujours assurée par un duo d’enquêteurs au langage des plus fleuris que le scénariste semble prendre plaisir à composer (lexique plutôt superflu disponible en fin d’album). Dans ce volet, ce n’est pas le plus gradé des deux qui semble le moins gaillard, son acolyte étant moins égrillard que précédemment (il tutoyait, il est vrai, quelques sommets en la matière).
Avec les matons et les pensionnaires de l’asile, dont on tire un portrait tout à fait classique, ils ont le mérite de rappeler que ces actes sont le fait d’hommes (et de leur folie). Ce que tendrait à confirmer, symboliquement, le choix du nom d’une créature imaginaire pour le titre du premier album et celui d’une femme pour le second.
L’entrée en scène de l’auteur du Codex Angélique (le vrai, enfin…), qu’on avait oublié au passage, ne contredit pas cette hypothèse mais n’apporte pas pour le moment l’éclairage décisif qu’on hésite désormais à espérer pour la suite. Et encore il n’a pas été révélé que le Necronomicon, qui faisait partie du lot de livres remis par Thomas à son oncle, est en réalité la création d’un fils de bedeau qui dessinait dans les marges pour tromper son ennui pendant le catéchisme…
Graphiquement, Le Codex Angélique séduira à coup sûr ceux qui rêvaient de profiter des fruits d’un ménage à trois entre Civiello, Mc Kean et Sala. Il comblera peut-être aussi ceux qui aiment qu’on les pousse dans des dédales en abandonnant leur sort à la volonté d’un scénariste joueur.
A ceci près que, comme il est dit dans Elsa : « Mais je n’en suis pas sûr… sûr de rien… tout est tellement flou ! »
Chronique du t1 : Izaël
Comme BIBI , je n'ai pas trouvé un plaisir avec cette Bd , le dessin , les couleurs sont tres moyennes et le scenario trop divers , je me suis ennuyé , à eviter
Une BD d'auteur surement mais pas une grande BD.
D'accord les dessins se sont améliorés à moins que l'on finisse par s'y habituer.
Le scénario est bien meilleur que celui du tome 1 et le mélange psychiatrie-fantastique est tout bonnement détonnant.
Mais encore une fois le scénario est poussif et ne devient véritablement interressant que quelques pages avant la fin.
Et quelle idée saugrenue que de mettre un lexique en fin de tome, tout ça pour définir des mots courant disponibles dans le moindre dictionnaire. Il ne faudrait pas prendre les lecteurs pour des dégénérés anencéphales.
A réserver aux amateurs de lectures ésotériques.
2/10.
Après le désastre survenu à la fin du premier album, notre héros tente de se reconstruire dans un lieu peu propice, mais il y parvient malgré son manque d'enthousiasme à revir dans le monde réel, notamment grâce à l'intervention d'un certain Sigmund ... Freud
Certaines réponses sont dévoilées mais l'attente du tome suivant est plus forte qu'entre le 1 et le 2
Une très belle édition de luxe est éditée par les BD Fugue Café, à 250 exemplaires, comprenant 12 pages de bonus superbes, 2 ex-libris, couvertures exclusives avec dos en similicuir noir, et signés bien sûr !!
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