L
e petit village de Sainte-Marie n'est pas le lieu idéal pour aller passer ses vacances, loin s'en faut. Rien ne s'y passe et l'ennui s'est emparé de tous les habitants. A commencer par Monsieur Dupuis-Toffin, boucher-charcutier le matin, médecin généraliste l'après-midi, candidat à la dépression à temps plein. Aucun événement ne vient égayer son quotidien monotone, pas même une petite maladie rare. Ce n'est pas Josette et ses problèmes gastriques qui changent quoique ce soit. Cette dernière a la fâcheuse habitude de se faire renverser régulièrement par un mystérieux "chauffard-cycliste". La seule once de divertissement se trouve peut-être au Pénalty, le bistrot du coin, où ragots, règlements de compte ou autres commérages vont bon train.
La boucherie est la deuxième collaboration de Thibault Poursin et Loïc Dauvillier après Passages édité chez la Fédération Française de Comix. L'univers absurde développé dans cet album n'est pas sans rappeler certains ouvrages de Nicolas Dumontheuil comme Malentendus ou Qui a tué l'idiot. Mais surtout, il est difficile de ne pas le comparer avec celui glauque et poétique de Delicatessen, le film de Jean-Pierre Jeunet. Autant de références qui prouvent, s'il en est besoin, que la création d'un petit monde clos ou d'un microcosme perdu au milieu de nulle part est loin d'être une chose aisée.
Des personnages croqués sur le vif dans un style proche de celui de Sempé, une chronique agréable avec un soupçon d'acidité, la lecture est plaisante mais ne déchaînera sans doute pas les passions. Il manque un peu de souffle, un brin de folie pour en faire un excellent récit car il faut bien avouer que l'ennui de ce petit village s'avère vite communicatif. Seule Josette, avec son esprit tortueux et malicieux, anime un peu l'histoire. Les autres protagonistes sont trop lisses et pèchent par une absence de relief et d'envergure.
Ce qu'il faut retenir de La boucherie? Sans doute le dessin de Thibault Poursin promis à un bel avenir mais aussi un nouveau scénario atypique de Loïc Dauvillier dont l'esprit semble en perpétuelle ébullition. Pour le reste, cette vision un peu trop édulcorée d'une société oisive créatrice de vices pourra amuser sans vraiment convaincre les amateurs du genre.
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