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eune lettré récemment arrivé à Pu Zhou, Chen Yuking s’installe au temple de Bouddha Sauveur où il aperçoit bientôt une damoiselle d’une grande beauté venue cueillir des fleurs de pêcher avec sa servante. Intrigué, Yuking apprend très vite que cette Pianpian est la fille d’un haut fonctionnaire et qu’elle sera bientôt mariée. Epris, il obtient un rendez-vous de la belle mais, très rapidement, plusieurs obstacles surviennent et mettent en péril leur idylle naissante, la bénédiction de la mère de Pianpian n’étant pas l’un des moindres.
Le pavillon de l’aile ouest reprend l’un des grands classiques du théâtre chinois en matière d’histoire d’amour : Xixiang Ji, une pièce écrite par Wang Shifu à la fin du XIIIème siècle et qui s’inspirait déjà d’un conte traditionnel plus ancien. Malgré une modification des noms des personnages, la version de Sun Jiayu publiée chez Xiao Pan se révèle fidèle à la trame d’origine, sans pour autant parvenir à captiver le lecteur. Certes, la romance sous forme de quête amoureuse suit un certain nombre de codes et s’appuie sur diverses péripéties souvent peu crédibles parce que trop artificielles. L'enchaînement des événements, plutôt rapide, ne parvient cependant pas à pallier le manque d’intensité d’une narration trop linéaire. Aussi bien l’intervention d’un général en rupture de ban que la découverte du passé trouble du héros qui devraient pimenter l’action et aiguiser l’intérêt du lecteur tombent à plat. Le dénouement lui-même survient si vite qu’il est difficile d’y goûter vraiment.
Le trait fin de Guo Guo s’accompagne d’inévitables grands yeux ombrés de longs cils pour les visages féminins et reste de facture assez classique. Il s’attache également à détailler minutieusement tuniques, manches, coiffures et autres éléments vestimentaires. L’impression assez plaisante de visiter une galerie de vieilles peintures chinoises en devient très forte et est accentuée par le côté nostalgique, presque suranné, de l’ensemble. Le fond beige des pages et les couleurs comme passées au sépia renforcent encore cet aspect.
Doté d’une histoire d’amour trop doucereuse et d’un graphisme élégant et de bonne facture mais sans réelle originalité, Le Pavillon de l’aile ouest intéressera surtout les jeunes filles en fleur en quête de douceur et de rêve.
Le dessin de cette bd est quasiment magnifique. Je crois que les dessinateurs européens ont quand même du souci à se faire si un jour le marché de la bd chinoise venait à nous envahir. Les talents sont dans tous les domaines actuellement : du sportif au monde de la bd. J'ai rarement vu un dessin qui laissait transparaître autant de grâce ! Cela approche la perfection !
En ce qui concerne l'histoire, il faut reconnaître que c'est moins bien. Certes, il s'agit de la retranscription assez fidèle d'un vieux conte chinois. Il n'en demeure pas moins assez naïf. Les réactions des personnages me semblent improbables. Par ailleurs, j'ai rarement vu une fin aussi vite expédiée. Il y a encore du progrès à réaliser. Je sais que cela viendra. Et quand viendra ce jour, c'est une nouvelle bd qui émergera pour notre plus grand bonheur.