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n l'an 1730, un navire approche lentement des côtes de l'île Bourbon, ancien nom de l'île de La Réunion donné en hommage à la dynastie régnante en 1640, au moment où les Français en prennent officiellement possession. A son bord, un ornithologue réputé, Monsieur Despentes, assisté de Raphaël, un jeune homme beaucoup plus enclin à écouter les histoires de pirates qu'à étudier les mœurs du perroquet mascarin ou de la perruche verte. Fraîchement débarqués, les deux hommes partent à la recherche du dodo, un oiseau disparu depuis plus de dix ans.
Au début du 18ème siècle, l'île Bourbon est en pleine mutation. Les pirates ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, pour la plupart amnistiés et reconvertis en riches propriétaires. La Compagnie des Indes peut ainsi reprendre tranquillement ses activités commerciales tandis que les exploitations de café se multiplient. Les "serviteurs" d'origine malgache deviennent très vite des esclaves. Quelques "marrons" (esclaves en fuite) parviennent à organiser une véritable petite communauté dans les montagnes mais sont traqués sans relâche par le redoutable Caron, "chasseur de Noirs". La tension est à son comble quand Olivier Levasseur dit La Buse, un des plus célèbres pirates français, est capturé pour être pendu.
Natif de Tunisie, Appollo s'installa à La Réunion en 1979. Son attachement pour l'histoire de son île, trop longtemps oubliée des manuels scolaires, est flagrant. Bien avant La Grippe Coloniale, il eut l'idée de ce récit. Sa rencontre avec Lewis Trondheim (qu'il imaginait norvégien!) fut déterminante. Ce dernier, dans son premier Carnet de Bord (1-10 Décembre 2001) montrait déjà son intérêt pour ce petit département d'outre-mer. L'Ile Bourbon 1730 put enfin voir le jour.
Ce gros pavé de 271 planches est découpé en huit chapitres suivis d'un glossaire rappelant quelques faits historiques. L'entame peut paraître poussive, la passion de Monsieur Despentes pour l'ornithologie n'étant pas forcément très communicative. Mais l'immersion dans le monde des flibustiers ou autres forbans va ensuite crescendo. Les deux auteurs réussissent le tour de force de parler de batailles épiques, de trésors cachés ou de pillages sanglants sans esquisser l'ombre d'un pirate ou d'une pièce d'or. Même La Buse, arrêté et exécuté, symbole d'une liberté perdue et maître à penser de la plupart des amnistiés, n'est jamais représenté.
Comme à son habitude, Trondheim utilise des personnages animaliers pour représenter les différents protagonistes de l'histoire. Les balafres et autres cicatrices qui parcourent les museaux de vieux chiens assagis restent les seuls témoins des combats du passé. Le noir et blanc efface la distinction des races, atténue les différences entre castes et donne au récit une dimension universelle de tolérance et de respect. La végétation luxuriante est parfaitement rendue. Chaque brindille, chaque branche morte semble craquer sous les pas des explorateurs.
L'Ile Bourbon 1730 est une histoire de pirates sans pirates, un "crépuscule" plutôt qu'un "zénith" mais c'est surtout la chronique d'un peuple en pleine reconstruction racontée par un passionné. Le résultat est captivant. Même si cet album n'est certainement pas le plus abouti de Lewis Trondheim, il se déguste comme un vieux rhum, avec bonheur et délectation.
Lire la chronique du tome 1 de La Grippe Coloniale
Lire la chronique du tome 1 de Fantômes Blancs
Pas sans intérêt mais presque. Si, on y apprend beaucoup de choses ! Culturellement, c’est un bel objet. En terme de divertissement, non. C’est laborieux à lire, pas entraînant pour un sou. Quel dommage, j’adore ces auteurs.
Je suis d'habitude fan de Lewis Trondheim, mais la je dois dire que j'ai été décu... Au départ les dessins noir et blanc avaient un certain charme mais au fil de l'histoire, ca manque de vie, surtout lorsque les personnages se retrouvent dans la jungle. L'auteur aborde des thèmes importants de colonialisme et d'esclavage et on voit que des recherches on été soigneusement effectuées, mais le scénario est un peu trop farfelu à mon gout, et pas assez divertissant.
J'ai acheté "Ile Bourbon 1630" à l'occasion du festival d'Angoulême.
Ce livre nous conte la fin des pirates sur l'île de la Réunion, moyennant les aventures d'ornithologues et dans un contexte où un ancien pirate va bientôt être exécuté.
Même si l'histoire ne semble pas trouver de fin, on appréciera la qualité des dessins, si propre à Lewis Trondheim, ainsi que la longueur de l'ouvrage.
A lire sans hésiter...