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nfant, Léa assiste à l'exécution de ses parents par un inconnu. Avant de partir, cet homme lui offre une rose et dépose un baiser sur son front, rideau, la scène est filmée. Il ne s’agit cependant pas d’un tournage traditionnel au sens où nous l’entendons mais d’un snuff movie dont la pratique semble tolérée par le gouvernement, tout du moins de manière officieuse. Quelques années plus tard, alors que Léa traîne sa déprime avec ses copains lycéens, Harper, le meurtrier de ses parents, négocie auprès de son producteur pour raccrocher, mais rien n’est simple et un dernier contrat se pose en condition. C’est à ce moment de leur vie que les deux protagonistes sont symboliquement rappelés au bon souvenir de ce court instant de passé commun.
Les auteurs précisent : « Le choc moral est fort, et il sera sans doute dérangeant pour certains de nos lecteurs, mais il permet d’aller au cœur même du sujet et de souligner certaines dérives ... », tu penses ! Quelques réflexions basiques portant sur le thème du snuff movie dans le « story board / making of » fournissent un bel alibi pour un récit peu avare d’ingrédients pour appâter le chaland, ou plutôt l’adolescent boutonneux dans le cas présent. Télé réalité mixée à la sauce du voyeurisme, intrigue avec symboles forts, teenager on the campus, le tout passé au shaker avec un zeste de misère sexuelle dans le ton de l’ensemble constituent beaucoup de prétextes à un allumage convenu. Dans cet esprit, la vulgarité des dialogues, sans doute dans l’air du temps, a quelque chose d’atterrant. Pauvres femmes ! Enfin, quelques incongruités ne manquent pas d’étonner, comme la colocation de Léa avec une autre élève de première et ce depuis quatre ans. O tempora ! O mores !
L’histoire en elle-même peut paraître brouillonne avec une propension à partir dans tous les sens et ce n’est pas le problème d’identification des faciès potentiellement échangeables de certains personnages qui viendra faciliter la tâche. Cependant, il faut reconnaître que le dernier chapitre de ce premier tome amène une certaine consistance qui faisait jusque-là défaut et offre un potentiel réel pour lancer la série. Le dessin fondu dans la culture manga se met au service de la nouvelle collection lancée par les Humano : Shogun Seinen.
Album d’introduction Rose rouge, à l’instar du traitement des sujets abordés, manque quelque peu de maturité et c’est tout naturellement par cet aspect qu’il pourra trouver un public.
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