S
ous le regard des petites créatures qui peuplent cette étrange auberge au bout du monde, Edgar de Saint Preux finit de recueillir l'histoire passionnante du vieil homme. Le village de Trébernec est désormais en proie à une étrange épidémie qui décime pratiquement toute la population, frappant sans distinction. Il n'en faut pas plus pour que Iréna et Yann ne soient accusés de sorcellerie et emprisonnés.
Les Remords de l'aube clôt ce triptyque fantastique mené par le duo Prugne/Oger. Ce tome se révèle plus intéressant et plus captivant que le précédent car il voit naturellement l'intrigue trouver son dénouement. L'attention se porte ici sur la relation entre Edgar de St Preux et son hôte, leurs échanges permettent à l'écrivain d'avoir le fin mot de cette histoire si étrange. Tiburce Oger a su conserver suffisamment d'éléments pour permettre à cette conclusion de maintenir son rythme et ne pas être seulement une explication narrée par le vieil homme. Les deux personages principaux, Iréna et Yann se retrouvent au cœur de l'action pour se défendre et mettre fin aux agissements de ces créatures maléfiques. Bien que sans surprise, la fin est bien pensée et parfaitement cohérente avec l'ensemble de la série.
Côté dessin, ici non plus pas de surprises par rapport aux tomes précédents, le plaisir est intact face au trait et surtout face aux superbes couleurs de Patrick Prugne. Il parvient à immerger le lecteur dans l'ambiance de ce petit village reculé au bout de la Bretagne. Il réussit à dépeindre avec justesse les différentes atmosphères, qu'elles soient bucoliques lors de la cueillette des pommes ou sombres et sinistres dans la caverne où tout se joue.
L'Auberge du bout du monde est une série très agréable évoluant dans le registre des contes et légendes propres à la Bretagne avec un arrière-plan historique par rapport au petit village et sa conserverie. Ce dernier tome confirme la bonne qualité de ce triptyque, même si le second était moins captivant.
Fin du cycle avec ce troisième tome qui lève le voile sur le mystère entourant le village de Trébernec. Nous comprenons enfin le rôle de De Baronie, hautain personnage qui dirigeait la conserverie locale.
Cette histoire nous a plongé dans le microcosme d'un petit village de marins bretons, reculé et isolé, en cette fin de 19ème siècle. D'étranges faits s'y sont produits comme le retour d'Iréna onze années après sa disparition ou encore l'étrange mal qui semble ronger le pays. Sur fond de croyances populaires, l'énigme croise plusieurs personnages qui se retrouvent en ces lieux après l'avoir momentanément quitté pour des raisons diverses.
Les très beaux dessins, dotés de magnifiques couleurs, produisent un visuel doux, nostalgique et envoûtant. Si le dénouement de cet opus peut sembler un peu abrupt, nous pouvons néanmoins dire que le scénario nous tient en haleine durant tout le cycle. Si l'on pressent une fin triste (le titre n'y est pas étranger), la planche 44 est particulièrement poignante voire douloureuse. Et, comme dans les légendes celtiques, une part de mystère demeure toujours...
La fin enigmatique et surprenante ne compense malheureusement pas une histoire qui s'engouffre dans la facilité du "fantastique". Ce que l'on peut admettre d'une nouvelle ou d'un conte du 18ème ou 19ème siècle est moins "étonnifiant" dans ce nouveau millénaire.
On attendait davantage donc coté scénario.
En revnahce, les dessins de Prugne sont toujours aussi réussis.