E
n Egypte Antique, dans un petit village au bord du Nil. Un groupe de jeunes enquête sur une mystérieuse épidémie qui décime la population alors que des envahisseurs menacent le pays.
Le titre est laconique mais explicite : l’imaginaire collectif est suffisamment peuplé d’histoires étranges et d’aventures palpitantes ayant pour cadre ce fleuve pour que cette nouvelle série bénéficie d’emblée d’un a priori favorable. Impression trompeuse car ce premier tome s’avère assez creux, victime d’une première partie consacrée à la présentation du contexte et des nombreux personnages, et par la suite d’une histoire survolée à la va-vite pour tenir en 48 planches. Le parti-pris de ne faire intervenir que des jeunes gens limite aussi la portée de l’intrigue, trop simpliste pour intéresser des lecteurs aguerris.
L’approche graphique est en revanche amusante : à première vue, on a l’impression que tous les personnages sont directement issus de hiéroglyphes. Epaules larges et hanches étroites, presque toujours de profil, faciès caricaturaux : Didier Garguilo recycle tous les codes pour les fondre dans un style très épuré mais qui s’avère finalement très lisible et pas aussi statique qu’on aurait pu le craindre. La colorisation est elle-même assez douce et contribue à atténuer quelques difficultés rencontrées ça et là, notamment pour des postures ou des proportions.
Trop léger pour satisfaire un public exigeant, Nil se destine avant tout aux jeunes lecteurs, qui apprécieront à la fois l’aspect didactique et l’enquête policière abordable. La série est prévue en trois tomes.
Le Nil ne m'a pas tout de suite convaincu car la scène qui introduit les différents personnages est un peu longue. On se perd véritablement pour savoir qui est qui. Il y avait certainement d'autres moyens plus intéressants de nous présenter les acteurs de cette série qui se déroule dans l'Egypte des Pharaons. Ils sont encore très jeunes et issus de milieux sociaux différents mais ils vont tous vivre des destins différents qui saura capter le lecteur. Avec eux, on découvre cette fascinante civilisation capable de construire des monuments hors du commun.
Il faut dire que j'aime beaucoup cette période historique. Une de mes séries préférées est d'ailleurs Sur les Terres d'Horus. En l'espèce, c'est un peu plus léger d'un point de vue historique mais cela demeure très divertissant.
Il y a cependant une chose étrange qui m'est arrivé au cours de cette lecture. Alors que le dessin est somme tout correct, je me suis arrêté sur une case qui m'a semblé complètement raté : celle du père des deux frères qui recrache son sang. On dirait un gribouillis infâme de rouge. Notre attention ne porte alors que sur cette seule et unique case de l'album où la gestion de la couleur semble être une calamité. J'ai essayé d'oublier cela pour continuer cette aventure. On rencontre quelquefois des faux-pas. Il faut alors passer outre. Dans l'ensemble, le dessin est plutôt réussi avec des décors tout à fait grandioses jusque dans les moindres détails.
Le premier tome semble faire émerger un héros qui va laisser sa place à un autre membre de cette bande au second qui se déroule 10 ans après. Ce fut une réelle surprise. On sent que l'auteur veut nous emmener quelque part où on ne s'y attend pas.
Le Nil est bien entendu le fil conducteur. La psychologie des personnages est réellement de mise. Je crois que j'ai été définitivement conquis après la lecture du second tome qui semble plus mûr comme le reste des personnages qui a grandi.
Pour se faire une idée précise de la série, il ne faudra pas s'arrêter sur le premier opus qui n'était qu'une timide introduction. Oui, nous avons là une aventure très prometteuse dans une Egypte antique qui n'a pas finie de nous livrer ses mystères.