1993, deux femmes et un homme se retrouvent sur les pistes désormais désaffectées d'une ancienne base militaire de la seconde guerre mondiale. Ils se remémorent les évènements qui se sont déroulés cinquante ans plus tôt.
1943, Aubie est le pilote du S-Snowwhite, avec son équipage ils volent sur un Lancaster, ces avions chargés d'aller bombarder des cibles stratégiques partout en France ou en Allemagne pour toucher le Reich au cœur.
Il est des albums dans la carrière d'un dessinateur qui sont plus marquants que d'autres pour des raisons aussi diverses que variées. Pour Marvano (La Guerre Eternelle, Dallas Barr), il s'agit des Sept Nains, un récit datant de 1994 et qu'il a réalisé seul. Cet attachement et la déception de la non ré-impression l'ont amené à réfléchir et à proposer, non pas une nouvelle édition agrémentée de suppléments, mais une suite à son histoire en axant cette dernière sur la ville de Berlin, de la fin de la seconde guerre mondiale à la construction du mur en 1961.
Les Sept Nains relate l'épopée d'un équipage de ces bombardiers Lancaster durant la seconde guerre mondiale, les nombreuses missions accomplies au dessus de sites importants avec les risques liés aux incursions si profondes en territoire ennemi. Marvano a imaginé une histoire émouvante sur la vie de ces escadrilles en décrivant avec beaucoup de réalisme et de détails les vols de ceux qui n'avaient pas encore eu le temps de grandir et que l'on envoyait déjà au dessus de l'Allemagne. Au fil des pages, l'auteur nous fait vibrer avec ces jeunes hommes, frémir lorsqu'ils aperçoivent les projecteurs passer à côté d'eux et prendre pour cible un autre équipage, éclater de joie lorsque tout danger semble écarté, soupirer de soulagement lorsque l'opératrice au sol entend la voix du pilote annoncer son retour. Le bruit des pages tournées en lisant l'album semble parfois couvert par celui, assourdissant, des moulins au décollage ou de la DCA ennemie tonnant toujours trop près. Cet album sent bon les maquettes de l'enfance construites avec patience pour assembler les tourelles ou les ailes de ces bombardiers et les faire voler de la table à manger pour aller larguer les bombes sur le canapé en territoire ennemi. Les Sept Nains n'est pas sans rappeller une production cinématographique hollywoodienne de 1990 : Memphis Belle qui racontait la dernière mission de l'équipage d'un B-17. Les deux histoires ont beaucoup de points communs.
Le trait de ce premier tome est fidèle à la première édition en 1994, on y retrouve le style de l'auteur à ses débuts avec une finesse dans le détail lorsque cela s'avère nécessaire et une absence totale d'arrière-plan lorsqu'il insiste sur les personnages. Le dessin de Marvano est parfaitement adapté à ce récit historique. Les plus nostalgiques regretteront la couverture d'origine qui semblait plus parlante du fait de l'angle choisi.
Avant d'être un témoignage sur la seconde guerre mondiale, Les Sept Nains est un formidable récit d'aventure aérienne abordant l'amitié et la vie d'hommes qui ont tout donné pour défendre un idéal auquel ils croyaient. Marvano a su mettre, avec une dose d'émotion, la petite histoire au service de la Grande.
Une bien belle histoire de guerre qui tente de décrire le quotidien de jeunes aviateurs chargés de larguer leurs bombes sur l'Allemagne nazie.
Le fait notable de l'album est qu'on ne s'appesantit pas sur "l'héroïsme" des guerriers mais plutôt sur le caractère quotidien de leur avec son côté parfois excessif. Carpe diem.
Qui plus est la structure en flash back, confortée par le caractère épistolaire du récit, apporte une jolie note poétique.