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ouché par une flèche perdue en provenance d’un camp d’entraînement pour jeunes archers, le père de Kanza Hoshino s’écroule au beau milieu des champs. Afin que cette mort ne soit pas vaine, le jeune homme décide de profiter de ce drame pour quitter sa triste vie de samouraï de basse classe en essayant de devenir le "Premier sous le ciel" : titre réservé à chaque nouveau détenteur du meilleur record de l’épreuve du Tôshiya, qui consiste à faire passer le plus grand nombre de flèches possible sous un auvent de 120m de longueur sur une période de 24 heures.
Tenter de conquérir un lectorat européen avec une brique d’environ 450 pages consacré au Kyudo (l’art du tir à l’arc japonais) relèverait de l’utopie si l’œuvre en question n’était signée Hiroshi Hirata. Après Satsuma, l’honneur des samouraïs et Zatoïchi, Delcourt continue de publier cet auteur spécialisé dans l’étude comportementale des combattants du Japon médiéval, en s’attaquant à cette histoire datant de 1969.
Se déroulant au début de l’ère Edo, ce récit détaille fidèlement les mœurs de la classe guerrière du Japon féodal en se concentrant sur l’histoire d’une compétition mythique qui prenait place au temple de Sanjûsangen-dô à Kyôto. Malgré cet ancrage historique et un thème central loin des aventures classiques de samouraïs qui se battent à coups de sabres, l’ouvrage est loin d’être indigeste. En suivant le parcours tourmenté et incertain d’un protagoniste principal mû par le désir de gravir l’échelle sociale et repoussant inlassablement ses propres limites, ce gekiga (manga dramatique) parvient à allier témoignage historique et aventure humaine de manière efficace.
Ce gekigaka de renommé va éviter d’enjoliver la société de l’époque et même adopter un point de vue critique vis-à-vis d’un exercice sensé être la quintessence des épreuves d’archerie, mais réduit à un jeu de gloriole entre fiefs, au détriment des personnes de basse extraction. Un message qui trouve écho dans les dérives commerciales et autres du monde sportif actuel. Tout en s’autorisant quelques digressions personnelles aux faits authentiques, celui qui est reconnu comme l’instigateur de la mode du gekiga parvient à donner une dimension universelle à ce seinen. Son trait soigné et réaliste, combiné aux descriptions techniques, renforce encore la richesse didactique de cette analyse perspicace de la maîtrise d’un art martial et de cette société de samouraïs dominée par l’honneur et la fierté.
Le premier véritable rebondissement ne survenant qu’après 350 pages, ce one-shot au sujet peu porteur et qui ne tend pas trop la corde du divertissement à son arc, ravira surtout les pratiquants de budô et les amateurs de manga plus réalistes qui abordent des thèmes délaissés par les productions classiques.
Cette lecture dans l'âme du Kyudo s'est révélée très enrichissante de la pratique de ce sport dans le Japon médiéval du XVème siècle. C'était d'ailleurs plus qu'un sport puisque les enjeux entre clans étaient importants. Il s'agissait de tirer le plus grand nombre de flèches en 24 heures d'un bout à l'autre d'une galerie extérieure d'un temple. Il y avait comme une espèce de fièvre à battre le record. Les samouraïs qui n'y parvenaient pas se suicidaient sur le champ, tant l'honneur était quelque chose de primordial. Il y a incontestablement beaucoup de noblesse dans ce jeu qui pouvait se révéler fatal.
J'ai adoré cette très longue lecture de 436 pages car elle retrace le chemin parcouru par un jeune paysan Kanza pour atteindre son but. Il veut d'abord venger la mort de son père mais sa quête se transformera vite par l'entrainement du tôshiya.
Le schéma n'est pourtant pas nouveau : un jeune disciple essaie de dépasser sa condition physique et sa condition sociale également en accomplissant un exploit. Il se fait aider par un maître vieux et expérimenté et commence alors un dur entraînement.
Cependant, le déroulement sera plus ardu que l'on ne pense car l'entraînement durera près de 10 ans. Il y a alors beaucoup plus de crédibilité dans l'action et dans l'effort accompli. Oui, j'aime ces valeurs que sont le travail et l'effort accompli pour parvenir à un but ultime à force de courage et de détermination. C'est quelque fois pénible en raison non seulement de la concurrence acharnée mais également des conditions climatiques dépendant de la chance. Il y a également les coups tordus, les tricheries et les tracasseries administratives.
L'art du tir à l'arc a son manga culte. Je pense qu'on pourra difficilement faire mieux. A travers cela, il y a également l'émergence de valeurs intemporelles qui peuvent encore servir aujourd'hui. Les illusions, les doutes et les échecs font partie de la vie de chacun. Cela nous permet de progresser et de finalement trouver la voie de la réussite. En cela, cette lecture s'est trouvée enrichissante. Ce ne sont pas que des mots ou des flèches ...
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L’âme du Kyudo
De Hiroshi Hirata
Lors d’un entrainement à l’arc parce qu’ils sont trop proche d’un village d’agriculteur, le père du jeune Kanza est tué par une flèche perdue. Très vite, le jeune Kanza se venge sur l’instructeur et encourt d’etre décapité s’il ne tire pas une flèche sur une cible à plus de 120. Là, il prouvera son courage, et sa détermination… sauf que le titre ne commence pas là....
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