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n institut spécialisé soigne des enfants gravement malades. Le dernier venu, Maël, est accueilli par quatre autres pensionnaires qui l’intègrent dans leur confrérie et lui dévoilent la nature de son mal : comme eux, il est dévoré de l’intérieur par un crabe. Un jour, les cinq compagnons se réveillent et découvrent que le lieu dans lequel ils sont hospitalisés cache bien des mystères et des créatures étonnantes.
En parallèle de Algernon Woodcock où il traite des légendes écossaises avec son lot de fées et de farfadets, Gallié entame ici une nouvelle série fantastique, mettant cette fois à l’honneur des monstres tels qu’un loup-garou ou des vampires, dans un décor de maison hantée. Pour l’instant, impossible de réellement savoir comment sera exploité ce bestiaire qui a déjà inspiré tant d’auteurs depuis bientôt un siècle, de façon plus ou moins heureuse. Toutefois, l’atmosphère qui se dégage de cette mise en bouche est en elle-même des plus convaincantes et suffit à capter l’attention.
En cela, le graphisme d’Andréae joue un rôle prépondérant. Dans des teintes sombres et bleutées qui rappellent celles de Sorel dans Algernon Woodcock, ses planches en couleurs directes sont sublimes. Si les visages des cinq enfants manquent parfois de réalisme, les monstres sont plus vrais que nature et l’ambiance brumeuse qui entoure ce gigantesque manoir est admirablement bien rendue. L’auteur était reconnu depuis Mangecoeur (déjà avec Gallié) ou Terre mécanique mais force est de constater qu’il se montre ici plus que jamais à son aise et en mesure d’étaler pleinement son talent.
Il ne faudrait pourtant pas résumer La confrérie du crabe à une simple histoire de monstres. En effet, les auteurs semblent vouloir parler à leur manière de cette terrible maladie qu’est le cancer, et la suite sera certainement particulièrement touchante. Une chose est sûre, cette série prévue en quatre tomes mérite d'ores et déjà que l’on s’y attarde.
Avis portant sur la série:
Le sujet de la maladie grave chez les jeunes enfants me touche particulièrement pour des raisons tout à fait personnelles. Les auteurs de MangeCoeur renouvellent l'exploit d'un album purement magnifique non seulement dans l'allégorie scénaristique mais également dans le trait graphique. Ils parviennent à créer un savoureux ton étrange et imprévisible.
C'est à la fois poétique, baroque et psychanalytique. Ce rapprochement entre le surnaturel et la cruelle réalité est stupéfiant car pas facile à mettre en oeuvre sans tomber dans des clichés. Aucune niaiserie ! C'est à la fois une épopée fantastique mais également une épopée intérieure contre un mal absolu qui vous glace le sang de terreur. On y croit réellement.
Et puis et surtout : enfin un dessin qui rend ses lettres de noblesse à l'art de la BD !!! Tout y est : une maîtrise dans les précisions du dessin (regardez les expressions des personnages), des couleurs qui sont parfaites pour donner les ambiances voulues. C'est également inventif dans le découpage des cases.
Bref, une merveille sur la forme et le fond ! La "Confrérie du Crabe" peut accéder au rang de chef d'oeuvre. Tout dépendra de la suite. Et cette continuité ne m’a justement pas déçu! Il y a comme un renouvellement de l’histoire à mi-chemin entre le fantastique et l’horreur tout en suivant un cheminement propre bien tracé par les auteurs. L’apparition d’un personnage nouveau y contribue forcément. L’intrigue va gagner en profondeur avec des dialogues bien ciselés. Il y a un niveau aussi bien dans le graphisme que dans le scénario qui impressionne et qui place cette série au-dessus du lot habituel.
Le dernier chapitre qui clos cette histoire lève enfin le voile sur toutes les questions qu'on se posait depuis le début. Il n'y aura point d'aventures ou d'actions mais une quantité énorme d'explications après un second tome qui nous avait balloté à la frontière de l'ésotérisme, du fantastique, voir de l'horreur. Sans doute le lecteur en avait 'il besoin à ce stade de l'histoire. La réussite tient au fait que l'auteur nous livre quelque chose de très convaincant alors que l'exercice n'était pas facile. A découvrir absolument !
Note Dessin : 4.5/5 - Note Scénario : 4/5 - Note Globale : 4.25/5
Un plaisir inoubliable d'avoir lu cette BD. Un vrai scénario avec de vrai rebondissements.
À lire d'urgence...
Au début, on ne sait pas trop où tout mènera l'histoire. On comprend que ces
enfants sont malheureusement atteints d'une saleté de cancer (cancer est un
crabe en astrologie, serait-ce là une piste?) et ils basculent dans un monde
mythique où les monstres semblent plus grands que nature!
L'auteur a bien installé ses bases; il n'en dit pas trop mais juste assez pour bien
nous situer. On voyage dans le pays de l'imaginaire, un imaginaire où les
planches réussissent à nous saisir. Et à la fin, on referme la dernière page en se
disant: vite vite que je sache ce qui va se produire à cette confrérie très
courageuse...
Très très prometteur!
SUPERBE !!
Que voilà une excellente surprise en cette année 2007 !
Traiter ainsi du cancer, des peurs et dans angoisses qu'il peut provoquer au delà même des maux qu'il crée physiquement était une gageure. Or le pari est totalement réussi.
De tout le silence autour de la maladie, de toutes leurs interrogations et de toutes leurs peurs les enfants de cette histoire ont forgé un univers, parce qu'il leur faut une raison supplémentaire sans doute de se battre pour leur propre survie, parce que l'injustice de leur situation ne peut être que le fait d'une horrible machination. C'est ainsi que nous sommes entrainés dans l'imaginaire de ces gamins, un univers presque totalement absurde mais qui est leur réponse à eux à une maladie qui ne l'est pas moins.
Le dessin d'Andréa est un chef d'oeuvre pour nous rendre toute la délicatesse et toute l'incertitude de cet imaginaire d'enfants. On se sent réellement aux côtés des protagonistes, tremblants avec eux face à l'horreur de ce qui les attend. Et si, parfois, en voyant apparaître un loup-garou penaud par exemple, il nous orend l'envie de sourire, il reste au fond de nous un rien d'angoisse et de peurs qui nous reviennent de ces temps où, nous non plus, n'avions pas toutes les réponses et ne pouvions qu'imaginer pour comprendre.
Pour autant l'album ne sombre pas dans la pathos et c'est plutôt une leçon de courage et d'espoir que donnent ces gamins qui ne baissent pas les bras face à toutes les monstruosités qui s'abattent sur eux.
Un album indispensable !
Vraiment très bon ! On est plongé dans un univers étrange tout droit tiré de l'imagination enfantine. C'est une sorte d'Alice au pays des merveilles mais en plus inquiétant (et moins symbolique...).
Alors que ce premier opus se déroule dans un lieu quasiment clos et sombre, la fin de l'album nous promet une poursuite de l'aventure à la découverte du monde dans lequel évoluent les enfants. J'ai hâte !