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Flor de Luna 1. Santa Maria Cristina

03/07/2007 11320 visiteurs 5.0/10 (2 notes)

D epuis le succès du Décalogue et du Triangle Secret, les éditions Glénat semblent avoir compris tout l'intérêt de présenter aux lecteurs avides de nouveautés et de rythmes de parution soutenus des projets rassemblant plusieurs dessinateurs. Après Voyageur, dont le premier tome est sorti il y a quelques mois, Pierre Boisserie et Eric Stalner remettent donc le couvert avec Flor de Luna et se lancent à la découverte de Cuba, dont l'histoire s'est façonnée autour du commerce du tabac. Le cigare de Fidel Castro n'est-il pas comme le nez de Cléopâtre ?

A Genève, de nos jours, Antoine Chatel est depuis deux ans le secrétaire particulier de Charles Porter, le dernier nabab du cigare. Aujourd'hui, il découvre le corps sans vie de son patron, assassiné d'une balle en plein coeur, alors qu'il venait lui-même pour le tuer. Pris de court, il n'en perd pas le nord et trouve ce qu'il était venu chercher : les mémoires d'un certain Diego Antonio Castellano qui, en 1825, fuit l'Europe et son passé trouble pour embarquer à bord d'un négrier en direction de Cuba, la perle des Antilles. Là-bas, il espère profiter de l'abolition du monopole royal espagnol sur le commerce du tabac pour devenir cultivateur et négociant. Mais ni le voyage, ni la vie dans le nouveau monde ne sera une partie de plaisir...

Le contexte historique est riche, peu connu du grand public et apparemment bien maîtrisé par les auteurs, mais malheureusement trop peu exploité dans ce premier volume. Alors qu'il aurait été intéressant d'en apprendre davantage sur la culture du tabac, les spécificités de la vie locale ou la ville de La Havane, ces aspects du récit ne sont qu'effleurés et l'attention se concentre surtout sur une action pourtant fort peu passionnante. La faute en revient principalement à un problème de rythme entre des scènes inutilement tirées en longueur et d'autres au contraire trop vite expédiées, créant ainsi un manque d'équilibre sur l'ensemble de l'album. De même, alors que le destin tragique de certains personnages avait de quoi émouvoir, le récit est avare en sentiments, ce qui peut s'expliquer par des "héros" beaucoup trop caricaturaux pour qu'on s'y attache vraiment et dont les relations sont encore trop floues. Ajoutez à cela des dialogues souvent artificiels et une voie off empruntant un style trop ampoulé qui, la plupart du temps, tombe à plat, et la lecture pourra vite s'avérer laborieuse.

Ce manque de tension permanent n'empêche pas les auteurs d'aborder des thèmes intéressants tels que l'esclavage, le colonialisme, les différences de classe sociale ou le sens du sacrifice dont savent faire preuve ceux qui ont déjà tout perdu. Il est dommage que ces points n'aient pas été traités sous un jour nouveau.

Le dessin à quatre mains de Stalner (La Croix de Cazenac, Le Roman de Malemort...) et Lambert (Merlin) ne parvient pas vraiment à relever le niveau, d'autant que, s'occupant respectivement du crayonné et de l'encrage, ils ne peuvent échapper à la comparaison avec le travail autrement convaincant effectué par Loisel et Tripp sur Magasin général. Il faut toutefois souligner la volonté de diversification dont Eric Lambert fait montre, passant de l'heroic fantasy façon Soleil à la saga familiale made in Glénat. Hélas, son travail passe assez inaperçu tant c'est le style de Stalner qui ressort des planches finales, un Stalner qu'on a d'ailleurs connu plus inspiré. A l'image d'une couverture relativement convenue et peu aguicheuse, les décors auraient également gagné à être plus fouillés. Quant aux couleurs signées Pradelle et Langlois, elles se font discrètes, sans fausse note mais sans charme particulier.

La lecture se termine donc sur le même constat que pour Voyageur : un casting alléchant, quelques bonnes idées mais une histoire qui peine à décoller. Le deuxième tome se devra d'être plus abouti, notamment par une meilleure exploitation du fond historique et un développement plus en profondeur des personnages. Mais, dans l'état, ce n'est pas avec Flor de Luna que Cuba connaîtra une nouvelle révolution !

Par D. Wesel
Moyenne des chroniqueurs
5.0

Informations sur l'album

Flor de Luna
1. Santa Maria Cristina

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Note: 3.4/5 (71 votes)

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L'avis des visiteurs

    Touriste-amateur Le 18/06/2022 à 14:38:45

    Cet avis, posté sur le tome1, vaut pour toute la série.

    Après avoir été enchanté par "Les Maître de l'"Orge", c'est avec plaisir que je commençais la lecture d'une nouvelle saga, cette fois sur la thématique du tabac et de l'arc antillais.

    Je m'y suis ennuyé, c'est plat, c'est télécommandé. A aucun moment on est surpris.
    Les dessins sont cependant corrects.

    La seule "bonne nouvelle" de cette série, c'est qu'ils (les auteurs, l'éditeur, ...?) ont fait le choix de lui trouver une fin (en cours de saison 2) plutôt que de l'abandonner.
    Ce n'est pas toujours le cas et c'est à souligner car c'est respectueux du lecteur/ de la lectrice.
    Pour le reste ....

    Erik67 Le 31/08/2020 à 12:34:55

    Il est difficile de réaliser une bonne saga transgénérationnelle d'envergure style Les Maîtres de l'Orge ou encore plus récemment Le Décalogue. C'est à quoi les auteurs s'attèlent.

    Ici, il fallait oser le cadre: le commerce du cigare à l'heure où en France le tabac est devenu l'ennemi public numéro 1. Après l'alcool, pourquoi pas? L'histoire mêle habilement le présent au passé. C'est d'ailleurs dans le passé que se déroule la plus grande partie de l'épisode. Le récit passe d'un banal acte de piraterie à savoir une mutinerie à une vague chronique familiale.

    Les personnages principaux sont malheureusement trop stéréotypés, la palme revenant au machiavélique, fourbe et couard Capitaine Portero. D'ailleurs, on devine très vite le lien qui le rattache au dernier nabab du cigare: Charles Porter.

    Les dessins du prolifique Stalner sont toujours un régal pour nos yeux avec une mention spéciale pour les visages des personnages qui révèlent une précision incroyable peut-être pour éloigner le spectre du même héros blondinet qui plane sur tous ses derniers albums. Par ailleurs, la colorisation est très agréable. De même, l'enchaînement des cases verticales successives pour les scènes d'action notamment sur le bateau est plutôt réussi pour nous faire vivre cette aventure.

    Pour autant, ce récit ne m’a pas totalement convaincu à la première lecture. J'attends de voir la contyinuité de cette série. Et cette suite sera vraiment une réussite car l'histoire prend une nouvelle dimension par l'introduction de nouveaux personnages dans le présent helvétique. Du coup, j'ai relevé ma note car les promesses de cette grande saga familiale sont vraiment tenues.

    On y découvre un Cuba qu'on ne connaît guère: celui du développement effervescent de l'île sur fond de rivalités entre les créoles et les espagnols tout en n'oubliant pas le lourd tribu payé par les esclaves d'Afrique noire.

    Bref, nous avons là une saga aux parfums romanesques dans l'univers fumeux du cigare.

    Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5

    BIBI37 Le 06/11/2011 à 21:51:34

    Excellente entrée en matière. Une saga dans le milieu des frabriquants de cigares à Cuba. J'adore les premières pages de l'album, le reste est plus classique.
    Les dessins sont excellents.
    8/10.

    Armand Bruthiaux Le 28/12/2009 à 13:18:38

    Une mise en bouche agréable sans être exceptionnelle. Cette histoire sur un navire négrier faisant route vers l'île de Cuba n'est pas très originale. Mais la toute fin de l'album parvient à attiser notre curiosité et nous donne envie d'en savoir plus sur les destins tragiques des personnages ... le pari est donc réussit !

    Hugui Le 30/08/2009 à 18:10:38

    Début de saga prometteuse avec cette double histoire, l'une contemporaine où on voit un homme assassiné et son secrétaire qui lit son histoire dans les mémoires de l'un de ses ancêtres.
    La traversée du bateau négrier vers Cuba est très forte et très bien dessinée, un très bon début qui donne envie.

    Bullit Le 02/09/2008 à 16:27:58

    Un bon début de série. Nous sommes dans la peau d'un secretaire particulier d'un baron d'une tres grande entreprise du tabac. Ce même P-DG vient d'etre tué, et le secrétaire arrive sur les lieux du crime pour voler une clé usb qui semble raconter l'histoire de l'entreprise, et nous amène à Cuba, où négriers et secrets de famille se mèlent aux début de l'entreprise de cigares nouvellement créée: Flor de Luna.
    Un bon dessin, de bonnes couleurs, et passé et présent s'entremèlent bien, et donnent envie aux lecteurs de lire la suite.

    voltaire Le 15/02/2008 à 10:02:26

    Cette fois ci c'est une saga sur le havane que les éditions Glénat proposent.
    Ce premier tome est d'ailleurs plutôt bien fichu puisqu'il enchâssent deux histoires : la première se déroule au temps présent, la seconde remonte à la première moitié du XIXème siècle.
    Celle qui se déroule aujourd'hui ne perd pas de temps puisque nous sommes tout de suite confrontés à la présence d'un cadavre, celui d'un dirigeant de ce qu'on croît être un empire du tabac. Le jeune homme qui contemple son cadavre a une attitude curieuse et fuira à l'arrivée de la police. Ce qui en fait bien sûr le suspect numéro 1.
    La deuxième histoire est centrée sur Cuba où différents personnages après une traversée tumultueuse se croisent et recroisent. Le héros, fondateur de la dynastie (?), cache un "terrible secret" (classique !) et a eu maille à partir (pour des raisons encore inconnues) avec le responsable militaire de l'île. Ce dernier ayant eu un comportement des plus lâches lors de la traversée atlantique laisse le planteur de tabac tranquille (pour l'instant).
    Bref, c'est l'équilibre de la terreur.
    Une gentille série qui dévoilera son vrai caractère et sa densité par la suite, mais si elle poursuit sur ce début, elle devrait faire un tabac !