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son retour dans la maison familiale, Yuan Chun replonge dans l’atmosphère tendue et malsaine qui règne depuis des années entre ses parents. Tandis que sa mère recluse dans sa chambre se laisse mourir à petit feu en se morfondant, son père sort régulièrement voir une autre femme. Le jeune étudiant cherche refuge auprès de la jolie Xiao Yu, l’amie d’enfance dont il est amoureux. Les avances maladroites de Linda, la fille très occidentalisée du directeur de l’université, plongent Yuan Chun dans la confusion et l’embarras. Fils unique, il est acculé à choisir entre la tradition et son cœur.
Situé en Chine à la fin des années 30, Le Fils aborde le thème universel des mariages arrangés et celui, adjacent, des conventions sociales, tous deux intimement reliés aux coutumes d’alors. Avec finesse et justesse, Ren Zhenhua souligne les différents aspects qu’impliquent ces unions sans amour, en particulier l’obligation pour l’épouse de donner un fils pour prolonger la lignée. L’histoire se développe sur un rythme assez lent, suivant les réflexions et les introspections du héros, ainsi que ses hésitations. Le fait de suivre le récit à travers les yeux de Yuan Chun explique l’appréhension modulée que le lecteur a des protagonistes. Si les hommes paraissent en effet falots, velléitaires, les femmes semblent un peu plus déterminées, que ce soit la mère lovée tel un serpent dans ses appartements ou Linda décidée à obtenir ce qu’on attend d’elle ou encore Xiao Yu prête à tout perdre pour suivre son amant. Par ailleurs, la mise en scène et l’évolution des événements dénotent un côté parfois trop mélodramatique qui laisse une regrettable impression d’artifice, malgré une puissance certaine. Sobre et élégant, le dessin de Ren Zhenghua est de facture classique. Il s’attarde volontiers sur les visages, les gestes ou certaines expressions aussi intenses qu’éloquentes, créant ainsi l’ambiance tragique souhaitée.
La collection Ecritures de Casterman intègre dans son catalogue un manhua de bonne qualité, intéressant par son sujet et sensible dans son traitement, malgré quelques faiblesses. A découvrir !
J'avais vraiment envie d'aimer ce roman graphique d'autant que le synopsis me plaisait assez bien. C'est l'histoire d'un homme qui doit choisir entre deux femmes : celle qu'il l'aime ou le mariage par convenance sociale. Classique mais intéressant comme sujet. Encore faut-il qu'il soit bien exploité.
En réalité, c'est un peu trompeur car c'est plutôt sur l'histoire du père que cela se concentre jusqu'au dénouement. A vrai dire, la situation attendue avec le fils va finir par arriver mais vraiment à la fin de cette histoire.
Par ailleurs, c'est beaucoup trop léger par certains aspects qui sonnent totalement faux. Il y a quelques fois des onomatopées un peu humoristiques si caractéristiques des mangas japonais mais qui arrivent comme un cheveu sur la soupe dans un récit clairement mélodramatique. Bref, le choix de l'auteur n'est pas très judicieux. Un peu décevant ce qui est étonnant dans cette excellente collection "écritures" ...