G
aël est un jeune auteur de bandes dessinées pour enfants. Tyriel, son héros, d’ordinaire heureux de vivre au milieu des créatures pacifiques et innocentes, est désespéré. Celle qui occupe ses pensées ne lui prête pas l’attention qu’il espérait. Comme Carole qui semble si proche et si lointaine à la fois de Gaël. Perdu, celui-ci l’est aussi dans une société où violence et haine raciale sont omniprésentes. Les clivages entre jeunes « du terroir » et jeunes beurs sont de plus en plus marqués et l’agressivité est à son comble. Quel rôle Gaël peut-il jouer dans ce contexte ?
Les deux sujets de fond traités dans cette série sont délicats. D’une part, les affrontements physiques et verbaux dans deux clans semblent tout droit sortis des rubriques « faits divers » qui émaillent le quotidien d’une société gangrenée par des luttes intestines et honteuses qu’on n’ose jamais qualifier d’ethniques. D’autre part, les difficultés rencontrées par les femmes et les hommes à se livrer leurs sentiments sont également bien rendues, même si les relations entre ces jeunes ne sont pas d’une étourdissante complexité. L’auteur, qu’on imagine concerné par ces thèmes, évite cependant de s’engager trop explicitement en donnant son point de vue autrement qu’en exposant les faits. Ce qui ne justifie aucun reproche. Là où le bât blesse, c’est au niveau de la progression du récit. A la lecture de cette 2ème partie, on a en effet d’assister à une (légère) variation autour des éléments qui composaient la 1ère. La redite est proche. Mêmes doutes et cas de conscience, mêmes combats, même toile de fond fantastique (les deux tours ont-elles un rôle ou font-elles simplement partie du décor ? ; le petit personnage qui incarne la conscience de Gaël ; le lot d’évènements inexpliqués).
Du côté graphique, l’influence manga qui se manifestait dans les albums précédents de l’auteur par quelques clins d’œil relevés au détour de certaines cases (posters, tshirts) ne font plus aucun doute lorsque l’on voit certains visages aux expressions typiques. Si le trait peut par ailleurs sembler relativement géométrique, les tons (superbes bruns et ocres, véritable marque de fabrique de l’auteur) contribuent efficacement à l’atmosphère sulfureuse de l’ensemble.
Les personnalités se dévoileront-elles véritablement ? Le récit basculera-t-il dans le surnaturel ? L’orage annoncé éclatera-t-il enfin dans le prochain tome ? Pour convaincre l’auteur devra s'engager dans la voie des réponses. En commençant par nous révéler les raisons du choix du titre de la série par exemple.
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