2020, le monde a été partiellement décimé par des catastrophes naturelles, l’ordre établi basé sur des conflits d’intérêt a volé en éclat et laissé place à une véritable union des peuples pour lutter contre ce déchaînement des éléments. Cela n'a cependant en rien freiné le développement des nouvelles technologies dans les zones préservées où internet relègue au rang de folklore la télévision. Une explosion dont l’origine malveillante ne fait aucun doute, vient brutalement ébranler cette quiétude et les certitudes de la population. En l’absence d’ennemi extérieur, la sécurité intérieure qui n’a qu’une raison d’être que très relative dans pareil contexte est assurée par des milices privées, l'une d'entre elles se déploie avec efficience sur les lieux, les médias sont en route.
Le thème d’une manipulation de grande ampleur n’est pas spécialement nouveau, mais pouvait laisser espérer une histoire intéressante. Il n’en est rien. Le postulat de départ est démoli dès les premières planches par une atmosphère étouffante et glauque que les faciès ne démentent pas et qui ne donne rien de crédible à cette hypothèse de paix universelle. La prise en charge très professionnelle de l’attentat par les miliciens renforce cette impression, même si cela fait partie de la donne. S’ensuivent des scènes de combats et de poursuites graphiquement très réussies, mais agencées à une telle cadence et dans un tel désordre que le lecteur, s’il ne parvient pas à se contenter de la qualité des images qui lui sont proposées, aura bien du mal à comprendre la construction du récit. Dans Akira , premier mythe asiatique à s'être déplacé en Europe, Otomo Katsuhiro avait pris le temps de poser son monde pour pouvoir après en venir à sa dégénérescence. Ici, c’est une plongée immédiate sans crier gare. A partir de là, il devient difficile de suivre Suk Jung-Hyun dans son raisonnement. Les quelques pages explicatives situées en fin de livre de suffisent pas à pallier ce manque de mise en place.
Si le dessin, dans son style informatisé à outrance, est assez impressionnant en matière de réalisme, il n'emballera que les amateurs. L'organisation du scénario privilégiant l’action au détriment d’un fond qui se voulait porteur n'est pas à la hauteur.
Voilà un manga d'anticipation qui rappelle étrangement les thèmes des "classiques du genre" japonais (voir Akira). Celui-ci nous vient d'un jeune coréen, qui use sans abusé de la palette mais ne laisse rien au hasard question scénar : après un effondrement mondial suite à plusieurs catastrophes, une milice chargée de la sécurité voit cinq de ses miliciens se rebeller. Un piège leur est tendu sous forme d'attentat, sous les caméras d'une chaine TV voyeuriste.. De quoi se régaler des travers d'une société des années 2010! On redécouvrira cette BD un jour ou l'autre..