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our de fête chez les Garnier, c’est la communion des petites. Après un apéro qui semble relever de l’institution, le divin s’invite à la table : la fameuse Marie en plastique, bibelot mythique ramenée par la grand-mère bigote d’une virée à Lourdes, pleure des larmes de sang. Rien de tel pour donner un peu de piment à ce repas d’une famille qui n’en avait pas plus besoin que ça. Que faire de cette statuette ? Entre mamie cul-béni qui voit là un signe du tout puissant et papi Lénine qui propose de s’en séparer, la hache de guerre qui a été déterrée est maintenant cachée. Les femmes de la génération intermédiaire tentent bien d’éteindre le brasier, mais ne sont pas aidées par leurs maris, digne bataillon des lâches. Le tout sous le regard émerveillé des enfants qui comme souvent constituent dans pareil cas une population bien manipulable (pour leur bien il s’entend).
La finesse de P. Rabaté, lorsqu’il ne dessine pas lui-même, est de s’entourer de dessinateurs qui, en dépit d’un trait pouvant paraître atypique au plus grand nombre, produisent un dessin en phase avec l’ambiance qu’appelle l’histoire. En témoigne l’album réalisé avec V. Broquet Les yeux dans le bouillon, qui est un ovni en la matière, passé malheureusement quelque peu inaperçu. Ici, dans la parfaite lignée de la première partie, D. Prudhomme croque avec un malin plaisir des personnages expressifs au possible, son coup de crayon, faussement naïf mettant en exergue les petits défauts de chacun, sans jamais tomber dans la caricature ou la vulgarité. La mise en couleur, par une utilisation judicieuse de tons pastel, renforce ce sentiment de désuétude qui enveloppe de joyeuse manière l’atmosphère générale.
C’est sur cette même idée que repose la qualité majeure de ce diptyque : la force des détails et des réactions des protagonistes constitue une trame qui porte le lecteur au-delà de la cohérence d’ensemble, relativement secondaire dans le domaine des tranches de vie. Mais c’est aussi par là que cette suite, toute proportion conservée, pèche un peu au regard du premier tome dans lequel les Garnier baignaient dans leur jus. Là, P. Rabaté a pris le risque de faire intervenir des éléments extérieurs qui ont quelque chose d’incongru dans ce microcosme qui semble n’être jamais meilleur que lorsqu’il marine en vase clos. C’est néanmoins le cas pour majeure partie du récit et ça demeure d’excellente tenue, le tout est agrémenté de truculents dialogues qui fusent à un rythme soutenu.
Un petit miracle vaut bien le coup d’œil ! Et même plus.
Chronique du tome 1 : La Marie en plastique T.1
Et si "La Marie en Plastique" l'était autant que son scénario. Franchement, le constat est sans appel, c'est ennuyeux. La vie de septuagénaires qui se disputent comme des gamins, pas besoin d'en faire une histoire, encore moins 2 tomes. Il ne se passe pas grand chose dans ce diptyque, quelques commérages, un miracle inexplicable. D'autant plus avec un dessin peu graphique et une calligraphie qui laisse à désirer, cela ne m'inspire pas. Les personnage manque également d'une enveloppe qui pourrait les rendre attachants. En conclusion, le scénario est mou, narrativement c'est pauvre, malgré quelques passages drôles. Le dessin est simpliste, un trait tremblant, inégale entre les cases, une perspective douteuse : les yeux représentés de face lorsque les personnages sont de profil. A souligner tout de même une amélioration graphique sur le 2ème tome, mais loin de satisfaire ma lecture.
Alors que je n'ai pas vraiment aimé le premier tome; je me suis forcée à le relire
avant de lire le deuxième. J'ai essayé de le regarder différemment.
Je suis donc passée par-dessus les dessins qui m'avaient déplu lors de ma
première lecture.
Et j'ai commencé la lecture du deuxième tome en me recadrant sur l'action
découlant de "LA MARIE". J'ai beaucoup plus apprécié le deuxième. Les émotions
y étaient plus présentes et j'ai adoré la finesse des sous-entendus.
Ça ne demeurera pas un coup de coeur à vie mais disons que le deuxième tome
a su rehausser mon opinion et m'a fait, finalement, passer un bon moment.
Rabaté sait traiter des personnes âgées avec humour et tendresse. Bravo!
Suite et fin de cette BD atypique et attachante. Ce que je trouvais vrai dans le premier tome l'est pour le deuxième ! Il faut passé outre l'aspect graphique un peu déroutant et se laisser bercer par cette chronique familiale drôle et triste à la fois. De nombreux thèmes y sont abordés de manière intelligente et sans à priori. Les auteurs nous montrent sans voyeurisme la vie très privée d'une famille, la manière dont les intérêts de la tribu peuvent se confronter à la foi propre de chaque individu et à l'environnement dans lequel elle évolue et comment ces différents aspects peuvent être aussi déstructeurs que refondateurs. Un petit bijou de BD !