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icenciements abusifs, délocalisations sauvages, abus de pouvoir, manipulations… À travers sept chapitres, Miguelanxo Prado décrit une société décadente, rongée par des pouvoirs politiques extrémistes, dans laquelle l’humanisme a totalement disparu.
Réalisé en 1985 et édité une première fois en 1990, Stratos a très bien vieilli et cette réédition au catalogue de Mosquito lui donne une seconde jeunesse. Ce genre de récit alarmiste d’anticipation garde tout son sens et sa sagacité vingt ans après, à l’image de S.O.S. Bonheur. Mais si ce dernier mettait en place des histoires prenantes avec de réelles intrigues, il s’agit plus ici de dénoncer le système à travers des récits satiriques, souvent particulièrement noirs et caustiques.
Lorsqu’une BD des années 80 ou 90 donne l’impression d’avoir mal vieilli, c’est la plupart du temps à cause d’une mise en couleur très éloignée de ce qui peut se faire aujourd’hui, donnant un ton fade ou au contraire excessivement vif. En revanche, les albums en noir et blanc, comme c’est le cas ici, restent plus facilement capables d’attirer les lecteurs sur le long terme, à défaut d’être a priori moins grand public. Tant mieux quand il s’agit d’admirer le travail de Prado qui avait alors, comme Cabanes, un style très fouillé, dense, loin des dessins en noir et blanc que l’on trouve aujourd’hui en librairie, particulièrement épurés.
Plus tard, l’auteur confirmera l’étendue de son talent avec entre autre Quotidien délirant ou Trait de craie, son chef-d’oeuvre. S’il se fait beaucoup trop rare aujourd’hui en raison de ses activités dans le monde de l’animation, souhaitons que l’heureuse initiative des éditions Mosquito de rééditer ses premiers albums permette à de nouveaux lecteurs de découvrir cet auteur majeur.
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