"Par les auteurs d'IRS", annonce fièrement un autocollant placé en couverture. Certes, mais la comparaison s'arrête là ! En effet, ici, point d'agent spécial du fisc traquant les fraudeurs au risque de sa propre vie mais bien un jeune homme, fils de servante dans une plantation coloniale des Antilles, qui aura pour ambition de se faire une place dans la haute société malgré son quart de sang noir, impur.
En soi, l'histoire n'est pas de la plus grande originalité : une amitié qui lie deux enfants de milieux différents, séparés par un système de classes sociales aveugle et injuste, un amour impossible, la remise en question de l'esclavage et du colonialisme, la façon dont des hommes - et des femmes - s'intègrent dans un système de société avant d'en éprouver les limites... Rien de bien novateur mais l'ensemble est parfaitement imbriqué, porté par des personnages forts et un rythme qui alterne judicieusement scènes d'action et d'introspection. Aussi, une fois la lecture entamée, impossible de l'interrompre tant le sort des différents protagonistes, tous liés par un serment qui devra affronter l'épreuve du temps et de la réalité, reste indécis jusqu'au dénouement.
Quant au dessin de Vrancken, il est lui aussi fort éloigné d'IRS, plus en douceur, moins carré et accompagné de couleurs lumineuses qui dépeignent à merveille les décors paradisiaques dans lesquels se déroule l'histoire. Dans un style qui se situe plus entre Le Scorpion et Les Suites vénitiennes, avec toutefois un classicisme peut-être encore plus marqué, il parvient donc à donner une âme aux personnages et à véritablement les faire vivre.
En définitive, Desberg nous offre avec Le Sang noir un récit qui emprunte le souffle épique d'une série comme De cape et de crocs sans pour autant rebondir de péripéties en péripéties : quatre volumes, ici regroupés en intégrale et agrémentés d'un dossier en fin d'album, pour une intrigue qui ne souffre ni longueurs ni temps morts inutiles. Une histoire de flibuste, de passion, de trahison, de vengeance et de tragédie qu'il aurait été dommage de laisser enfouie au fond d'un catalogue qui recèle quelques petits trésors...
He bin voilà, se qui devait étre fait est fait, et franchement je ne le regrette pas du tout.
Je connaissais les deux auteurs pour leur réussite avec IRS, il faut dire qu'içi, dans cette histoire, ils ont superbement réussi aussi.
Le dessin est bien et se lie bien au scénario, quant à Desberg, il n'y a rien à dire si se n'est bravo pour une telle histoire, que du bonheur passé.
A part quelque problemes de "realisation" (certains intervenants ou evenements ont tendances a arriver comme un cheveux sur la soupe), on est pris dans une histoire dont on souhaite connaitre la fin.