D
eux villes, deux histoires.
A Secaria, alors qu’un chevalier est venu le tuer, le Vampire, perché sur le clocher d’où il surveille sa nourriture humaine, clame la réalité de son essence prédatrice semblable à celle de tout être vivant.
Dans une cité froide sans nom, où seules pulsent les informations dispensées par les cerveaux, un robot aspire à la liberté, à sentir vibrer la terre et à la destruction des constructions sans vie des hommes.
Après Benjamin (Remember, Orange, One Day), les éditions Xiao Pan proposent au lectorat français de découvrir un autre talentueux jeune auteur chinois, Deo.R, en publiant deux de ses œuvres sous le titre de Vampire qui reprend celui du premier récit. D’une trentaine de pages chacune, les histoires plongent le lecteur dans les atmosphères singulières de deux villes très différentes. Dans l’une et l’autre, la vanité et la suffisance des hommes sont soulignées et dénoncées sur le mode de contes cruels et oniriques au goût légèrement amer. Elles s’ouvrent et se ferment comme des rêves, presque inachevées et pourtant se suffisant à elles-mêmes, portées autant par des paroles succinctes, un rien sibyllines, que par le dessin.
Celui-ci emporte dans un maelström de lignes et de couleurs. Le trait est à peine marqué dans la première nouvelle et semble se fondre dans les fonds gris-noirs, comme si le vampire se détachait à peine du décor. Tandis qu’il est plus ferme dans « Les feux de l’Apocalypse », soulignant les courbes et arêtes des bâtiments mais se floutant sur les personnages. La richesse du travail infographique transparaît dans le rendu des couleurs et des ambiances. Elles sont très sombres et presque sans nuances dans « Vampire », malgré un passage visible du crépuscule à l’aube, et presque électriques dans le second récit où Deo.R semble jouer avec les textures. Ici, une goutte d’eau pendante paraît plus vraie que nature, là les rouges-orangés, les verts et les bleus donnent l’impression d’être délayés, ailleurs, c’est une vague de feu chatoyante qui accroche le regard.
L’album se termine par un art-book d’une vingtaine de pages qui permet au lecteur d’apprécier encore le talent de cet artiste chinois et de goûter la subtilité délicate des compositions et des teintes de ses illustrations. Un auteur à découvrir !
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