C
hangeant d’établissement en cours d’année, Tôru Kôno entre au lycée pour garçons Fujimori. Peu heureux de se retrouver à un endroit où il n’y a pas une seule fille, il trouve rapidement l’ambiance et l’enthousiasme de ses camarades assez étranges. Il comprend rapidement lorsqu’il apprend par Shihôdani Yujiro qu’il est pressenti pour devenir une « princesse », autrement dit, qu’il sera chargé d’endosser des vêtements de fille à diverses occasions afin d’apporter la touche féminine qui manque tant ! D’abord furieux et mal à l’aise, il accepte de jouer le jeu grâce aux nombreux avantages promis. C’est ainsi que naît le trio des « princesses » Kôno, Yujiro et Mikoto.
Les histoires de travestissement semblent fleurir au Japon et y connaître un certain succès. Elles répondent sans doute à un fantasme nippon particulier qui n’a néanmoins rien à envier à ce qu’on peut trouver dans certaines comédies de Shakespeare ou à la fascination provoquée par des figures célèbres empruntant les atours du sexe opposé, le chevalier d’Eon et George Sand en tête. Diversement déclinées, elles mettent très fréquemment en scène des lycéens et donnent lieu à de multiples quiproquos ou situations cocasses, surprenantes, voire embarrassantes.
Princess princess offre une intrigue de ce type, à ceci près que tout se déroule dans un milieu exclusivement masculin et que les trois héros se déguisent en filles contraints et forcés afin d’être l’objet de l’adulation de leurs camarades. Voilà qui s’avère pour le moins novateur, plaisamment piquant et qui, malgré un relent de yaoi – romance homosexuelle – n’a rien à voir avec les récits d’amours viriles. Le ton léger, amusé autant qu’amusant doit beaucoup aux caractères des « princesses » et aux situations qu’ils (elles ?) subissent. Mikoto répugne totalement à jouer son rôle et boude constamment, tandis que Kôno, d’abord réticent se donne à fond et que Yujiro, le plus efféminé des trois, désarçonne tout le monde par le naturel qu’il y met. De plus, il est bien difficile de ne pas pouffer en les voyant aux prises avec leur styliste déjanté, avec leurs costumes de gothic-lolita ou répondant à l’admiration des autres lycéens. Certaines scènes d’adoration rappellent d’ailleurs celles où les jeunes étudiantes de Très Cher Frère vouent un véritable culte aux androgynes Rei Asada et Kaoru Orihara. De même, l’ambiance fantasque et enjouée de ce premier tome, ainsi que les poses des héros évoquent l’Ayamé Soma de Fruits Basket.
Le graphisme de Mikiyo Tsuda est typique du shojo et les bishi – beaux garçons – sont nombreux, séduisants et inévitablement féminisés, comme le montre bien la couverture. Plutôt simple, le trait s’attarde sur les visages des personnages et leurs expressions, parfois exagérées à l’extrême. De façon classique, les trames accentuent les ambiances et la mise en scène. Pas de grande surprise de ce côté mais le dessin est agréable. A noter : sous la jaquette, on découvre une petite parodie de l'auteur sur son propre manga, intitulée "Prince prince" !
Le premier tome de Princess princess peut dérouter ou intriguer par son sujet. Cependant l’histoire se révèle plaisante, enlevée et fait passer un bon moment. S’il est certain que l’album plaira davantage aux adolescentes, les autres s’y pencheront par curiosité. A ne pas bouder.
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