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atharine Cornwell est comédienne dans une pièce de théâtre où elle interprète une femme en proie à de nombreuses frustrations, des amours déçus ou encore des souvenirs douloureux. Son personnage doit vivre avec le poids de la culpabilité d'élever un enfant adultérin car elle craignait que le bébé qu'elle aurait eu avec son mari ne naisse anormal. Ce rôle a de curieuses résonances dans la propre vie de l'actrice, plus qu'elle ne veut le laisser paraître.
Après l'excellent L'autre laideur, autre folie, Marc Malès récidive dans le même registre en explorant à nouveau les circonvolutions de l'âme humaine. Elle adopte cette fois-ci les traits d'une comédienne qui vit sa pièce de théâtre plus qu'elle ne la joue tant les similitudes avec sa propre existence sont nombreuses. L'auteur brosse le portrait d'une personne désespérée, qui porte en elle un terrible secret, qu'elle refuse d'admettre. Le rythme de son récit est très lent car il prend le temps de décortiquer le malaise de cette femme, ses questions, ses relations avec les autres, son incapacité à aimer. Il dépeint avec beaucoup de justesse un être torturé et mélancolique. Cette lenteur, parfois agaçante, donne à l'histoire toute sa force et s'avère nécessaire pour comprendre le geste désespéré accompli par Katharine à la fin de l'album, lui permettant d'être plus en harmonie avec elle-même.
Tout au long de sa carrière, Marc Malès semble avoir cherché à faire évoluer son dessin. Cela se ressent en particulier au travers de ses personnages : ils apparaissaient plus distingués, plus soignés dans certaines séries comme De Silence et de Sang, et plus bruts et caricaturaux dans d'autres comme Lucy ou Mille Visages. Depuis quelques années, il est revenu au noir et blanc, comme au début de sa carrière. Force est de reconnaître qu'il excelle dans le domaine, il n'a pas son pareil pour retranscrire cette époque de l'entre deux guerres, les costumes et autres robes y étant somptueux. Cela n'empêche malheureusement pas certains de ses personnages d'être inégaux, mais peu importe car les visages sont superbes et il parvient à retranscrire la froideur et la tristesse de Katharine Cornwell avec précision.
Katharine Cornwell est une histoire triste où l'on finit par se laisser gagner par la mélancolie du personnage principal. Un album bien construit qui montre le talent de l'auteur mais qui reste quand même en deçà de L'autre laideur, autre folie, sans doute parce que la jeune femme est plus distante et moins attachante. A noter que ce dernier est également réédité en grand format.
Lire la chronique de L'autre laideur, autre folie
Je suis réellement abasourdi par cette lecture d'une qualité indéniable. Je connaissais un peu l'auteur pour avoir apprécié la lecture de Mille Visages. Mais ici, je dirai qu'on est à mille lieues de cet univers fantastique sans vouloir faire un vilain jeu de mots.
Katharine Cornwell a décroché le rôle principal dans la pièce d’Eugene O’Neill, "L’Etrange Intermède". Un rôle apparemment fait pour elle mais que les similitudes avec sa propre vie finissent par étouffer. Tourmentée par ses frustrations et un trop lourd secret, Katharine sombre peu à peu dans la mélancolie jusqu’au point de non retour.
J'ai rarement observé dans la bd un personnage aussi vrai et fragile à la fois. Nous assistons à une véritable descente aux enfers dans le décor de l'Amérique des années 30, des starlettes d'Hollywood et des soirées mondaines. C'est très émouvant car l'auteur nous livre sans état d'âme le portrait d'une femme torturée mais avec une classe d'une grande élégance. Bref, je pourrais tomber tout de suite amoureux de cette héroïne. Par ailleurs, les différents personnages possèdent une psychologie propre qui est tout à fait intéressante car c'est tellement réaliste. Sublime ce jeu de faux-semblant !
Le dessin en noir et blanc ajoute une touche oppressante à ce drame. Les planches sont magnifiquement réalisées avec un trait unique et original qui caractérise cet auteur de talent. C'est du grand art !
Je ne peux que vous conseiller la lecture de cette oeuvre somptueuse assez récente qui est passée un peu inaperçue à tort. C'est une oeuvre culte qui ne vous laissera pas indifférent !
Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.5/5
Après avoir lu L'autre laideur, l'autre folie qui fait parti selon moi, de la caste des
chefs-d'oeuvres, je ne savais à quoi m'attendre d'un autre album de Malès. C'est
un peu comme si on demandait à Spiegelman de recréer un autre MAUS.
Souvent, ces types d'albums ne se présentent qu'une seule fois dans la carrière
d'un auteur.
Ici, Katherine Cornwell n'a malheureusement rien de la magie de L'autre laideur,
l'auter folie. Ce n'est pas un mauvais album, au contraire mais il souffre d'une
longueur sans fin et les dessins ne favorisent pas la distinction des personnages
mâles. L'histoire est somme toute banale. J'ai eu l'impression de me retrouver au
coeur d'une chronique mal définie.
En bout de ligne, on referme la dernière page et on passe à autre chose.