« Un problème ? Le Docteur Bonheur a la solution … Et vous un deuxième problème » « Je ferai votre bonheur, dussé-je vous casser la gueule ! » « Une équipe jeune, dynamique, compétente… et bien galbée ! »
Voilà en trois slogans résumé le tome 1 de la nouvelle série de Clarke et Turk. La thérapie par le rire, vous connaissez ? Celle dispensée par des groupes de clowns oeuvrant dans les hôpitaux, dont on loue le rôle notamment auprès des jeunes malades. Docteur Bonheur c'est un peu la même chose mais le concept initial est réduit à sa plus simple expression, celle de l'accessoire nasal. Un nabot faussement bonhomme flanqué d’une grande gigue faisant office de bras armé plus que d’assistante médicale débarque dans la vie de pauvres bougres confrontés à des situations critiques. Le personnage à gros nez rouge, qui a les idées aussi courtes que les pattes, s’impose pour s'occuper de leur cas. En réalité rien ne s'arrangera, les choses devenant parfois plus critiques encore.
Des vertus curatives du rire nées de la présence d'un clown dans un lieu où il n'a pas sa place et de l'utilisation de son pouvoir comique pour faire oublier le tragique d'une situation, il ne reste pas grand chose. Ici il est question de posologie basée sur la catastrophe et le gnon. Et si le gnon fait souvent pleurer de rire, là le moindre petit sourire risque d’être attendu longtemps.
La légèreté et la finesse ne sont pas au rendez-vous ? Qu’importe, en matière d’humour le lourd est parfois facile à digérer, le cataclysmique se supporte stoïquement pourvu qu’on soit dans le sens du vent, le nonsensique remet parfois les idées dans l’ordre. Les personnages à oeillères qui n'en font qu'à leur tête, c'est rigolo, certains albums signés par ces mêmes Clarke et Turk l'ont prouvé. Mais ici, pas grand-chose auquel se raccrocher et ce ne sont pas les gauloiseries franches et appuyées qui sauveront la mise : l'épouse du couple stérile qui choisit son inséminateur dans un catalogue pour un gag qui s'achève comme une bonne vieille blague coloniale, l'éculé plan sodomite à l'occasion de la saillie de l'horripilant Docteur par un étalon ou le concours de blagues avec Satan n'en sont que quelques exemples. Le paillard ne rendra pas plus charmeuse la mélodie du Dr Bonheur.
Malgré tout le capital sympathie dont jouissent les deux auteurs à l’indiscutable savoir-faire, l’encéphalogramme du – ô combien – patient-lecteur risque de rester bien plat tout au long de cette expérience et le diagnostic se révéler sans appel : allergie incurable au Bonheur. On doit pouvoir pourtant s’en remettre…
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