P
enny, lycéenne, a pour seule passion la couture. Elle ne s’embarrasse pas de l’admiration que lui attire son originalité auprès de ses camarades et, surtout, elle porte un regard des plus dubitatifs sur la gent masculine. L’observation des relations chaotiques de sa meilleure amie avec un certain Jake, la conforte dans son idée que ses malheureuses congénères ne sont attirées que par des goujats, alors même qu’il y a quantité de garçons plus mignons et doués, mais célibataire, tout autour. Associant ces bellâtres, mufles et menteurs, à la pyrite, l’or des fous, qui ne brille qu’extérieurement, Penny monte un club destiné à faire prendre conscience de cela aux filles et à mener là chasse aux escrocs des cœurs.
Difficile de ne pas sourire avec une condescendance teintée d’ironie à la lecture de ce premier tome de Fool’s Gold, nouvelle série de la collection Tengai des éditions Akileos. L’histoire se veut fraîche, jeune, dans le vent et, il faut reconnaître, que la bluette ne manque pas d’être légère et charmante. N’y a-t-il pas, pour plaire, d’accortes et sveltes donzelles très « fashion » qui, préoccupées par leurs affaires sentimentales, ne manqueront pas de faire mouche auprès des lectrices en fleurs ? Sans compter qu’il est ici question de questionnements, d’incertitudes et autres doutes propres à l’adolescence. Ce pan-là est gentillet, inoffensif et badin. En revanche, l’exagération du discours très féministe – presque ultra – de l’héroïne laisse songeur et on se demande dans quoi on est tombé. Les griefs contre ces jeunes messieurs sont si énormes, les résolutions prises pour les démasquer et les punir sont telles, que ça en devient comique. La guerre des sexes est de retour – s’était-elle arrêtée ?. Le Club des filles débusquant les « pyrites » (ces hommes faux-jetons) aurait sans doute pu faire l’objet d’une pièce de l’effronté Aristophane ! La prévisibilité du scénario s’ajoute au tout.
Le graphisme de Amy Reedler Hadley s’apparente à celui du manga et comporte également une touche comics qui lui confère sa singularité. Le trait est léger mais trop statique ce qui nuit un peu au rythme du récit. Enfin, puisqu’il s’agit aussi de mode et de couture, l’auteure semble s’en être donné à cœur joie en dessinant les différents vêtements de Penny ; on apprend d’ailleurs dans les commentaires en fin d’album que les modèles de ceux-ci proviennent de ses propres créations et confections.
Divertissant un moment, sans un être impérissable, ce premier volume de Fool's Gold a tout pour devenir le manga de chevet des lectrices de certains magasines pour jeunes filles. On le leur réservera.
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