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ilo Manara est tellement connu comme le maître le BD érotique qu’on peine à l’imaginer dans un registre plus classique. C’est un peu comme pour ces acteurs qui brillent dans des comédies et dont on fait mine de découvrir le talent lorsqu’ils s’expriment dans un rôle dramatique. Les yeux de Pandora pourrait être ce fameux déclic pour le dessinateur italien : un roman graphique dans lequel une jeune fille enlevée par des truands découvre la vérité sur son père biologique, un chef de la pègre recherché par la police.
Débarrassé de tout préjugé, le lecteur est d’emblée frappé par la qualité et la finesse du trait. Le noir et blanc strict (pas de nuances de gris) n’est pas rédhibitoire, on l’oublie même au bout de quelques pages tant les planches sont lumineuses et lisibles. Certes, on ne se refait pas : l’héroïne a la fâcheuse manie de se promener partout vétue d'une robe qui tient plus de la nuisette que de la soutane. De même ses postures sont la plupart du temps suggestives, et s’il faut lui faire un piqûre pour la calmer, devinez où Manara joue au docteur ? Pas vraiment nécessaires au déroulement de l’intrigue, ces particularités renforcent le caractère ingénu de la jeune fille, mais affaiblissent peut-être encore un scénario qui n’en a pourtant pas besoin.
L’histoire elle-même manque en effet de profondeur et d’originalité. Son auteur, Cerami, officie en général au cinéma (il a signé entre autres La vie est belle avec Roberto Begnigni) mais Les yeux de Pandora n’est que sa troisième BD après deux récits publiés en Italie. L’ambiance polar noir est bien rendue au départ, mais les personnages manquent d’épaisseur et les situations s’enchaînent très vite, le rythme soutenu nuisant à la crédibilité de l’intrigue. Basé sur la question de l’identité (le flic malhonnête, le truand au grand cœur, l’épouse modèle amoureuse d’un autre, la jeune fille en apparence inoffensive qui se révèle une tigresse…), cet album ne fait malheureusement qu’effleurer ce thème intéressant et passe finalement à côté de son sujet.
Dommage car si le livre est vite lu et sera vite oublié, le potentiel de cette histoire semble inexploité. A défaut d’être un chef d’œuvre, Les yeux de Pandora aura néanmoins permis de confirmer tout le talent de Milo Manara, couramment salué mais qu’il n’était pas de bon goût de revendiquer.
J'ai eu l'impression de lire un roman-photo digne des magazines people que lisait jadis ma maman genre la jeune femme kidnappée qui se retrouve en Turquie confrontée à son vrai père et au monde brutal des hommes et de la pègre!
Quand je vois que l'éditeur est pourtant "Les Humanoides Associés", je me pose des questions car je n'y étais pas habitué de leur part... Comme quoi, tout est possible.
Alors, oui la lecture est très agréable et le dessin en noir et blanc colle parfaitement à l'atmosphère un peu polar de cette BD. Il y a quelquefois des blancs. On passe d'une situation à l'autre et on se dit qu'il y a un manque manifeste de coordination.
Quant au scénario, c'est pathétique d'incrédulité. Cela se veut un thriller diabolique où les secrets de famille se dévoilent au gré d'une action trépidante. A lire pour se faire une idée!
On passe tout de même un agréable moment. L'impression générale est bonne.