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ssaku est parti à Tokyo pour devenir professeur. Là-bas, suite au grand tremblement de terre survenu le 1er septembre 1923, il est témoin des persécutions menées par la police et la population contre les Coréens et les sourds-muets. Lui et Takahashi, devenu directeur, sont décidés à lutter contre cette discrimination, en mettant au point une méthode utilisant autant la gestualisation que l’oralisation. En cela, ils vont à contre-courant des pratiques lancées par Nishikawa qui rejettent totalement les signes.
Osamu Yamamoto poursuit son récit sur les sourds en mêlant toujours intimement l’histoire générale du Japon au début du XXème siècle à celle des malentendants et de la façon dont ils sont considérés. Dans ce troisième volume, il développe les troubles politiques et sociaux des années 1920 qui prennent une tournure tragique suite au séisme qui secoue Tokyo en 1923. Conservant un ton juste et transposant à grande échelle les difficultés des non-entendants, l’auteur montre les répercussions dramatiques que la situation tendue a pour tous ceux qui sont différents ou étrangers. Le chapitre intitulé « Gojûen gojussen » en est un exemple éloquent, car il met en scène avec beaucoup d’intensité l’incapacité des sourds à communiquer lorsqu’on leur demande de prononcer correctement ces deux mots qui doivent prouver qu’ils sont bien de vrais Japonais.
Parallèlement, Yamamoto souligne que cette période a marqué une évolution importante dans les progrès de la pratique oraliste et a vu le rejet total de la langue des signes, totalement stigmatisée alors. Ainsi, de façon poignante et authentique, il peint l’espoir des parents confrontés à la surdité de leurs enfants, d’entendre ceux-ci leur parler un jour. De même, il met en avant l’enjeu crucial qu’est le maintien d’une forme de communication gestuelle à travers le combat du professeur Takahashi et d’Issaku pour allier oralisation et signes. On découvre, au sein du récit, une profonde réflexion sur l'humain et sur la perception des handicaps.
L’histoire est une nouvelle fois portée par le dessin réaliste de l’auteur qui met l’accent sur les expressions et les émotions. Une grande puisance se dégage des pages qui rendent bien la brutalité et la violence de certaines scènes. Que ce soit dans la classe où les enfants apprennent à ânonner « maman » ou lorsque Goishi doit affronter sa mère, à la fois abattue et fâchée de son absence de progrès, l’effort comme la peur sont rendus de manière si poignante et sensible que le lecteur ne manque pas d’être touché.
Ce troisième tome de l'Orchestre des doigts confirme la qualité de cette série à tous niveaux. Et on peut dire encore une fois que ce petit bijou de la collection Kanko mérite le détour.
>>> Lire la chronique du tome 1 de L'Orchestre des doigts
>>> Lire la chronique du tome 2 de L'Orchestre des doigts
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