S
hen Jun, ex-militaire et ex-agent gouvernemental, travaille désormais pour une compagnie d’assurances. Il est atteint d'un mal étrange : il s’endort subitement et rêve de carnages, de monstres ou d'humains. Des agents travaillant sur l’intelligence artificielle ne sont jamais très loin de lui : simple coïncidence, ou manipulation aux terribles conséquences ? Qui est vraiment Shen Jun ?
Située quelque part entre le polar branché (ambiances sombres, speed-dating, costars chics…) et Robocop, le moins qu’on puisse dire de cette série est qu’elle est déroutante. Dès les premières pages, le fait de ne jamais représenter le visage du héros et de lui faire dire « c’est moi » dans chaque case surprend. Amusant au départ, ce procédé témoigne aussi d’une grosse difficulté de l’auteur à être intelligible, ce que va confirmer très vite la suite de l’album.
Le scénario compliqué ne lui facilite pas la tâche : manifestement, l’idée est de faire subir au lecteur ce que ressent le héros qui ne sait plus très bien où il en est ni même qui il est. Le problème, c’est qu’à la différence du personnage, le lecteur peut décrocher quand il le souhaite si on ne lui soumet pas un minimum d’informations dans un ordre cohérent. C’est probablement ce détail qu’a négligé Liu Wei : égaré entre les concepts inaboutis (Shen jun chasseur de monstres, agent spécial, amoureux d’une danseuse), le lecteur se raccroche à la bluette entre les deux agents, événement a priori secondaire mais plus simple à appréhender.
Dommage, car en tentant de remplir les blancs (avec l’aide aussi du quatrième de couverture), on pressent un certain potentiel à cette histoire. Potentiel conforté par un graphisme plutôt dynamique, bien mis en valeur par les fonds de page noirs. Très contrasté, avec une gamme de couleurs réduite et un trait assez épuré, il manque toutefois de précision sur les plans plus larges.
Difficile de se faire une idée sur la base de ce premier tome (six sont prévus). Le pitch semble intéressant, mais les tomes suivants devront impérativement être plus clairs, tant sur le plan graphique que narratif.
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