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ilote de navette cargo dans les années 50 (euh… les années 2050 !), Steve Travis est devenu malgré lui la pièce maîtresse d'un échiquier composé de multinationales biotechnologiques concurrentes. Sociétés qui n'hésitent pas à seservir de leur armée privée ou de mercenaires pour s'attribuer le leadership commercial du secteur. Malgré lui ? Pas tout à fait car à la fin du cycle précédent, composé des 5 premiers albums de la série, son rôle réel nous est révélé : Agent spécial à la solde d'un millionnaire épris de bioéthique !
Le décor est planté, Travis s'efforce de faire respecter l'éthique biologique, ou "simplement" la justice, dans un futur relativement proche qu'il a en commun avec un autre personnage créé par Fred Duval : Carmen McCallum.
Ce nouvel album, numéroté 6.1 et intitulé Le Hameau des Chênes , constitue la première partie d'un nouveau cycle du nom de Vitruvia, en fait un triptyque traité à la mode "Vortex". En effet, si le 6.1 narre les aventures de Travis, le 6.2 traitera en parallèle des exploits de son compère Vlad Nyrki. Le numéro 7 réunira quant à lui les deux protagonistes (à noter que le tome 6.2 sera dessiné par Ludwig Alizon sur story-board de Christophe Quet).
Vitruvia est une société de travaux publics de stature internationale chargée de réaliser l'extension de l'astroport privé de l'Est parisien. Cette extension passe par la destruction d'un lotissement insalubre construit au début du XXIe siècle : Le Hameau des Chênes. Steve Travis se retrouve dans ce Hameau, devenu squat au fil des décennies, pour y accompagner son oncle Terry "jeune retraité" des missions spatiales, avec pour but la réconciliation de Terry et de son père qu'il a perdu de vue. Bien entendu, Travis ne peut s'empêcher de s'interposer entre Vitruvia et les squatteurs en se mettant du coté des plus faibles.
Point de déception pour ce nouveau cycle. Si vous avez aimé le premier vous y retrouverez tout les atouts de la série : personnages attachants, action, suspens, humour, technologie et design, vision crédible de l'avenir,… Si vous ne connaissez pas Travis, vous pourrez appréhender son univers par une approche en douceur de ce héros au caractère bien trempé. Même s'il est recommandé de lire le premier cycle avant d'aborder celui-ci, la lecture peut également se faire indépendamment de l'ordre chronologique.
Le thème choisi reste dans la lignée du précédent : défendre l'opprimé contre la multinationale et peut être déjouer un complot de plus grande envergure. Dit comme cela, on pourrait penser à un banal sauveur de l'humanité. Mais quand on gratte un peu plus sur le cas Travis, on y découvre un personnage soumis à ses doutes et ses faiblesses, certes un peu trop gentil parfois, mais qui sait dire non à une jolie astronaute ou qui sait abandonner un combat devant un ennemi plus fort que lui. Un p'tit gars lucide et encore une fois crédible. Et la crédibilité dans la BD, ça fait du bien. Bon, il faut l'avouer, il gagne quand même souvent à la fin et il est parfois agaçant de constater qu'il a toujours raison, mais il n'est pas bon d'aimer que des loosers.
Travis, la série, c'est aussi une pléiade de vrais méchants qui parfois retournent leur veste et parfois non. L'équilibre est idéal et le plaisir de les voir évoluer, jubilatoire. Dans Le Hameau des Chênes , le duo Dammers & Jojo nous promet quelques savoureux moments à venir.
Ne pas parler du dessin serait une faute de goût. Christophe Quet fait partie de cette "nouvelle" famille de dessinateurs allant d'Olivier Vatine à Denis Bajram en passant par Damour. Les univers sont similaires et le trait précis. Certains diront que c'est à la mode, je pencherais plus pour du réalisme moderne. Le souci du détail est encore plus présent chez Quet qui nous propose des merveilles de technologies nécessitant sûrement un long travail de recherche graphique. Aux niveau des couleurs, les duettistes Schelle & Rosa sont encore une fois parfaits dans leur rôle. La preuve que l'ordinateur peut avoir sa place dans le monde de la BD de qualité.
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