T
roie est presque en vue pour Agamemnon, Achille et les achéens. Après tous les meilleurs présages et les plus durs sacrifices, c'est enfin le soulagement : l'affrontement va avoir lieu. Près de cinq années depuis le forfait de l'arrogant Pâris, la plus grande cité du monde connu se prépare à un siège que rien ne semble pouvoir empêcher.
Le sujet s'y prête certes mais l'œuvre que construit Eric Shanower restera sans conteste dans l'histoire de la bande dessinée comme un chef-d'œuvre, au même titre que Maus, ou 300. Témoignage de ce qui fut l'une des légendes des plus connues de l'Antiquité, L'âge de Bronze est le résultat de plus de dix ans de manœuvres et de complots et de la plus grande guerre que va connaître cette période. Nombreux seront ceux qui en parleront pendant les 2500 ans qui vont suivre, peu le feront avec un tel souci du détail et une volonté de décrire le drame dans sa globalité.
Ce qui frappe chez Shanower, c'est la constance et la régularité à un niveau de qualité rarement égalé. Après plus de 500 pages le rythme, l'intensité et l'intérêt sont les mêmes qu'à la lecture des derniers pas de Pâris comme garde vache, qui marque le début de cette formidable odyssée. Réussir à tenir en haleine le lecteur, en ne traitant que les préparatifs d'une guerre qui n'a pas encore commencé, est un exploit qui tient essentiellement à l'énorme travail réalisé sur l'exactitude des faits et sur le développement de la psychologie des personnages. Au fil des chapitres, le caractère des protagonistes se forge et se dessine. Trahison montre Achille comme peu ont pu se l'imaginer : avide de gloire, sans remord et prêt à tout pour arriver à sa fin tragique. Après l'ignominie de Sacrifice, Agamemnon n'a qu'un précepte : "diviser pour mieux régner" et Ulysse est son faucon. La gravité de la situation dépeinte n'empêche pas quelques traits d'humour. Les râles de Philoctète, qui s'étirent sur 24 pages, en sont un exemple qui démontre, s'il en est encore besoin, la capacité de mise en scène de l'auteur.
L'œuvre complète en sept chapitres devrait compter, à terme, dix volumes. La fin de ce travail titanesque est annoncée pour 2015 ou 2020 après plus de vingt-cinq ans de labeur. Soyons patient et savourons.
>> Voir le Coup de Projecteur
>> Lire la chronique du tome 1
>> Lire la chronique du tome 2
Un album comparable au précedent. De magnifiques dessins, un prestgieux scénario et un respect historiques des armes, vêtements et monuments.
Le premier volume de la saga racontait divers épisodes préliminaires de la guerre de Troie.
Le passage de Pâris de simple vacher à prince de sang, le rapt d'Hélène, la ruse d'Ulysse pour ne pas partir à la guerre, celle de la mère d'Achille, etc.
L'album se terminait avec l'arrivée des fameux mille navires devant la ville de Troie.
Le second volet se concentre essentiellement sur le fameux sacrifice que sera obligé de consentir Agamemnon. En fait, il s'agit ni plus, ni moins que de d'offrir la vie de sa fille Iphigénie aux dieux
Le troisième se focalise essentiellement sur la préparation des combats et sur les "escarmouches" de Tenedos.
Aussi prenant que les précédents. Bon, cela étant, ce type de lecture reste quand même à réserver à ceux qui ont un peu baigné dans la mythologie, les adverses à l'Antiquité risquent de trouver ça longuet.
A noter que la série a déjà ramasser 2 Eisner Awards en 2001 et 2003.