P
etits et grands, tous ont leurs moments de force et de faiblesse. L’enfant surdoué qui s’ennuie à l’école, le jeune père qui essaie de mener sa carrière de journaliste sans délaisser sa famille ou les deux frères vendeurs de ramen fâchés depuis de longues années, tous s’enlisent dans un quotidien morne. Mais le destin et le hasard changent parfois la donne et leur ouvre des horizons nouveaux.
L’antiphrase du titre est toujours de mise dans ce second volume d’Un Monde formidable. En dix courtes histoires, Inio Asano souligne de nouveau un certain mal-être de la société japonaise, mais également des individus dans notre milieu contemporain. Toutefois, il reste dans l'observation et se contente de pointer du doigt ces failles, sans les critiquer ouvertement. On pourrait s’agacer de cette complaisance à exposer un marasme morose et insipide que chacun voudrait soi-même éviter. Cependant Asano parvient à se renouveler quelque peu en introduisant un élément irréel et onirique dans certains récits : à savoir des consciences perchées dans les arbres ou des personnifications de la destinée qui donnent un coup de pouce ou accompagnent les personnages sous la forme d’un chien errant noir. Par ailleurs, cela permet aussi de tisser des liens plus fins et plus subtils mais bien visibles entre les différentes nouvelles. La lecture y gagne en intérêt et l'approche est subtilement changée. Graphiquement, le lecteur retrouve le trait précis et réaliste d'Asano. Le soin apporté aux expressions des visages permet presque de déterminer d'un seul coup d'oeil le caratère du personnage auquel il appartient.
Un Monde formidable forme un diptyque intéressant par le thème abordé comme par ses dessins. Dommage qu'il reste quelque peu hermétique.
>>> Lire la chronique du tome 1 d'Un Monde formidable
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