C
inq couleurs pour cinq nouvelles qui transportent d’un passé plein d’espoirs à un futur assombri en passant par un présent atemporel ou sans chaleur, de la touffeur d’une forêt luxuriante à la froideur glaciale de la banquise, des étendues herbeuses des steppes à l’anonymat d’une ville surpeuplée.
Five Colors est une œuvre collective du studio Jian Yi proposant cinq histoires aux styles graphiques et aux ambiances différents mais n’ayant aucun lien apparent entre elles. Bien qu’assez agréable à lire, l’ensemble manque de cohérence. Expliquée en fin d’album, l’association des couleurs (rouge, bleu, noir, blanc et jaune) aux cinq sens, aux cinq éléments et à cinq qualités ou « pouvoirs » - à savoir impatience, persistance, fantaisie, mémoire, silence – éclaire un peu le lecteur quant à la finalité et au sens de l’ouvrage.
Les récits sont également de qualité très disparate. Les deux premiers et les meilleurs, « Red » et « Blue » sont pourvus de scénarii bien faits. « Red » narre l’histoire d’un jeune berger tibétain qui recueille un louveteau après avoir tué la mère de celui-ci et l’élève avec son chien jusqu’au jour où la nature du loup reprend le dessus. Le ton et le dessin y créent une atmosphère authentique, un peu dure mais réaliste. Beaucoup plus léger et sans parole, « Blue » joue sur le côté charmant et émouvant d’une relation à distance entretenue au fil des ans entre un petit garçon et une fillette grâce à des bouteilles à la mer poussées par des pingouins. On sourit devant l’histoire gentillette et le dessin presque enfantin et tout en douceur. Dans la même veine et aussi muet, « White » met en scène un panda et un singe qui se lient d’amitié aux temps préhistoriques et font face ensemble aux dangers. Le graphisme simple mais assez réussi et les couleurs fraîches font un peu oublier les longueurs de l’histoire. En revanche, « Black » et « Yellow » se révèlent assez médiocres et sans grand intérêt. Le premier pèche par l’absence de cohérence d’un récit futuriste qui reste hermétique et sans saveur comme son dessin. Enfin, le second est si court et insubstantiel qu’il est aussi vite oublié que lu, le lecteur ne retenant de l’introspection et des commentaires du personnage principal que ses regrets de ne pas avoir été à la hauteur au moment où il aurait dû l’être.
Five Colors ne marquera sans doute pas beaucoup les esprits. On peut le lire pour trois de ses nouvelles, mais on ne s’y attardera pas.
Les chinois ne deviennent pas forts et puissants qu'en économie, en technologie ou en sport. Ils sont également sur le marché de la bande dessinée ! Un auteur semble se distinguer particulièrement et s'exporte jusqu'en Europe à savoir Jian Yi.
Nous avons droit à 5 histoires qui se déclinent comme autant de couleurs : rouge, bleu, noir, jaune et blanc comme une espèce d'allégorie à la vie, à la mort et même à l'espoir. Tout cela est très beau dans le concept. Cependant, concrètement, cela ne casse pas des briques !
Sur les 5 courts récits, il y en a deux qui sortent du lot et j'ai réellement apprécié : le rouge avec cette histoire de coeur de loup et le jaune qui nous projette 800 000 millions d'années en arrière avec un beau panda accompagné d'un singe espiègle.
Au niveau graphique, on s'apercevra que l'auteur est capable de dessiner dans différents styles ce qui souligne un talent indéniable. Il lui reste à creuser sans doute au niveau du scénario.