S
yrie. Des archéologues mettent à jour un cercueil de plomb. Le chevalier du Temple qui repose dans le sépulcre serre contre sa poitrine un avant-bras qui, de toute évidence, n’a rien d’humain.
Quelques semaines plus tard, à Paris, une série de meurtres barbares se produit dans l’entourage d’un duo d’antiquaires qui collaborent occasionnellement sur certaines affaires. Dans les galeries souterraines de la Capitale, l’activité d’une étrange silhouette suscite la curiosité.
Ce qui marque dans un premier temps dans Dark, c’est évidemment son style graphique. Quasi-photographique, lui conférant des allures de roman-photo à l’album, le procédé ne surprend pourtant plus véritablement depuis que Sanctuaire (Les humanoïdes associés) et surtout l’étonnant Strangehaven (Akileos) ont ouvert la voie. Difficile de lui trouver un authentique charme et encore moins de tomber en pâmoison devant ces clichés qui rendent les personnages au moins aussi statiques que réalistes. Et Max va même plus loin que l’anglais Milidge car certains passages semblent sortis d’extraits de vidéos, ou a minima de séquences infographiques. A cette occasion, le traitement habituel des couleurs et des ombres, vestige de codes traditionnels prompts à rassurer l'amateur de dessin plus classique, est de fait jeté aux oubliettes. On aime ou on n’aime pas cette cohabitation, une chose est sûre pourtant, il vaut mieux que l’histoire soit solide pour retenir le bédéphile qui a ses habitudes.
Sur ce plan, Dark sait tirer son épingle du jeu en composant avec les codes du genre. L’ouverture syrienne rappelle évidemment la découverte du Pazuzu de Blatty sur la terre voisine d’Irak. Ensuite, le fait de plonger deux ou trois quidams de Paname au cœur d’un mystère sanglant qui les dépasse avant qu’ils ne reçoivent l’appui d’un enquêteur professionnel a fait ses preuves. Les jeunes, les outils technologiques dont ils sont friands et leurs modes vestimentaires (chérie, dans cette panoplie gothique, tu rayonnes…) ne sont pas oubliés non plus. Enfin, quelques signes cabalistiques pour répondre à l’engouement pour la cryptologie, une nouvelle référence à la valeur sûre que sont les templiers, les motivations obscures d’une silhouette déambulant dans les catacombes, une touche de gore et le divertissement fonctionne puisqu’il est bien agencé.
Signé par le trio d’auteurs à l’origine de Dies Irae (Casterman), dyptique prometteur dans sa première partie avant de décevoir ensuite, La crypte écarlate ouvre Dark avec savoir-faire à défaut de réellement étonner. Pour en juger, il faut déjà passer l’épreuve d’une couverture peu avenante et aux forts airs de déjà-vu sur quantité de jaquettes de vidéos.
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