L
udivine tient un petit restaurant dans une station orbitale. Un soir, après une journée de travail, un rideau de douche défectueux, et la voilà propulsée dans un univers parallèle régenté par un tyran en jupons.
Tous ceux qui dans les années 80 compulsaient la presse consacrée aux loisirs informatiques et aux jeu de rôles se souviennent des "bellaminettes" qui égayaient les pages de ses revues. Bruno Bellamy a en effet un don pour illuminer une page en glissant une de ses pin-up, dotées d’une marque de fabrique immédiatement identifiable.
Une dizaine d'années après Sylfeline (Dargaud), il revient donc en albums avec les aventures de Ludivine, née dans un premier temps sur son site (http://bellaminettes.com) dans le cadre d’une rubrique « Le croquis de la semaine ». Comme attendu, c’est une histoire aussi légère que les tenues dont veulent bien se parer à l’occasion ses héroïnes. Le titre de la série donne d’ailleurs le ton : avec ce Showergate, chacun sait que l’auteur ne cherchera pas à créer une nouvelle référence en termes de S-F ou de fantastique, le clin d’œil au Stargate de Roland Emmerich ne l’engage d’ailleurs pas bien loin dans cette voie.
Alors on retrouve ces créatures à la plastique irréprochable autant qu’irréelle, des poupées aux seins parfaits, au ventre exemplaire, aux fesses sans défauts et bouche entrouverte immaculée. Pas une once de vulgarité, pas d’humour lourdingue, c’est mignon comme tout, pas tendancieux, pas même suggestif. Il y a une autre catégorie de personnages récurents chez l’auteur, la peluche vivante. Autrefois lapin ou nounours, là encore Bellamy offre une craquante boule de poils à son égérie, un simili-plantigrade violet au langage limité mais que tout un chacun aurait envie de câliner dans ses bras.
Voilà pour la forme, mais l’histoire dans tout cela ? Elle ne s’embarrasse pas d’une intrigue tordue, ni ne s’aventure dans des chemins tortueux. Elle est classique ou encore un prétexte pour mettre en scène les personnages diront les plus indulgents ou ceux qui sont comblés par la forme. Elle a déjà été vue mille fois, résonne le vide diront les esprits chagrins qui ne s’amuseront même pas à repérer les quelques clins d’œil placés ici et là.
Bref, le scénario ne fera pas date mais au moins, il n’y aucune ambigüité apparente sur les intentions de son créateur qui donne à son public ce qu’il attend de lui depuis des années, sans se renier. C'est frivole (dumoins c'est l'impression que cela donne), et ce n’est demain que ça devrait changer. Pour preuve, le titre de la seconde partie : La petite marchande de lunettes. Ceux qui avaient 14 ou 15 ans dans les années 80 pourraient être tentés d'ajuster les leurs à l'occasion pour parcourir ce nouveau livre d'images.
Le Site de la série
Bellamy est un excellent illustrateur : on peut actuellement voir son travail dans une galerie parisienne, et ses dessins sont de toute beauté. Mais un bon illustrateur n'est pas forcément un bon raconteur d'histoire. Si showergate est très plaisant à lire (les courbes de ses héroïnes y sont pour quelque chose, miam miam) et que le côté "léger" et faussement naïf de l'histoire est en totale adéquation avec le dessin, cette bd manque singulièrement de rythme. Les cases sont très belles, mais donnent l'impression d'avoir été assemblées. De plus, le design de certains "monstres" semble bâclé, comparé au soin apporté aux personnages. Mais j'attendrai tout de même les suites des aventures de la jolie ludivine...
Une histoire assez gentille, si on aime le style de dessin de Bruno Bellamy en général et les courbes pulpeuses de ses bellaminettes en particulier, on sera servi !
Par contre, une question m'est venue à l'esprit après avoir lu cet album. Etait-il vraiment nécessaire que l'héroïne se balade nue pendant quasiment la moitié de l'album ? ;-)