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ierre Brémont est sur le point de révéler au public, par voie de presse, toutes les magouilles d’un homme puissant au comportement mafieux. Plus que quelques pièces à rassembler, l’affaire de quelques jours et il atteindra son but. Seulement, dans la planque qu’il croyait sûre, un tueur l’attend.
La réputation du commissaire divisionnaire Malone pour démêler les cas où les apparences sont trompeuses n’est plus à faire. Celui-ci devrait lui donner l’occasion de briller. Encore faut-il attendre que le forfait ait été commis pour qu’il entre en scène.
Adaptée du roman éponyme de Michel Rio (Seuil), voici une série qui débute bien en enrichissant la collection Ligne rouge qui a déjà donné quelques classiques dans le genre Policier. Citons pour mémoire Fog, Les coulisses du pouvoir, Caroline Baldwin ou bien évidemment, tiens, tiens Le tueur. Ce premier tome de Malone se fait remarquer par un jeu d’alternance subtil entre longs passages silencieux, réservés paradoxalement aux passages les plus rythmés, et les échanges très fournis entre les protagonistes. L'occasion pour Rovero d'afficher un savoir-faire évident pour composer un découpage précis et une variation affutée de plans en particulier pour montrer des personnages immobiles. C'est le cas par exemple pour ce long dialogue entre le journaliste et l’homme chargé de l’exécuter qui rappelle un schéma fréquemment rencontré au théâtre. Deux hommes qui n’ont visiblement rien en commun se découvrent dans des circonstances qu’ils n’ont pas choisies.
Ils sont indiscutablement intelligents, ils se dévoilent par bribes et au détour de répliques ciselées, ce qui permet au spectateur de percevoir les grandes lignes de l’intrigue. Par instants, ils semblent se satisfaire (sans aller ici jusqu'à y prendre goût) de ce jeu du chat et de la souris mais, tous, personnages et lecteur, connaissent l’issue de cette rencontre éphémère.
La croisade du Monsieur Propre de service n’est pas l’essentiel, la personnalité et les motivations profondes de l’inconnu sont bien plus intéressantes. L’assurance et la froideur d’un tueur apparemment peu enclin aux remords couplées à une érudition manifeste suscitent bien vite un sentiment de fascination, ressort classique mais ô combien efficace. Grâce à ce type de « méchants », les bienfaiteurs de l’humanité gagnent leurs plus beaux galons. C’est tout le mal que l’on souhaite à Malone qui s’invite sur le tard dans la série qui porte son nom (planche 44 !). A dire vrai, l’intervention d’un flic dans cette histoire qui tenait parfaitement debout sans intervention d’un véritable représentant de la justice et de la morale en vient presque à surprendre, et exagérons un peu, à décevoir. Mais à l'image du tueur, c'est l'auteur qui décide.
Entrée en matière convaincante donc, et résistant à l'envie de pas plonger dans le roman pour connaître la suite, l’espoir est grand de voir l’histoire garder ce ton subtil et faussement détaché plutôt que de tomber dans un duel un peu sommaire entre deux intellects que d'évidence tout oppose. « Avec ce Faux-pas, Malone démarre du bon pied ». Il y en a qui ont vu leur tête mise à prix pour moins que ça…
Comment ne pas faire le parallèle avec la série Le Tueur de Luc Jacamon et Matz, publiée également chez Casterman, dans la collection "ligne rouge" ? Même si le thème est différent, on ne peut que faire allusion à cette formidable série à la lecture de "Malone".
J'ai été vraiment bluffé par ce premier numéro de ce diptyque. Ce premier opus alterne sans cesse scènes bavardes (voire très bavardes), et scènes muettes.
Nous suivons le parcours d'un tueur cynique et froid, que l'aspect souvent silencieux de certaines pages, rend encore plus mystérieux.
Je déplore pourtant certains effets de style à la "matrix" (voir page 16 ) qui n'apporte rien à l'histoire et font plus sourire qu'autre chose, atténuant ainsi le côté spectaculaire de l'intrigue.
Le scénario de Michel Rio repose essentiellement sur le personnage du tueur (dont on ne connaît même pas le nom tout au long de cet épisode); élément assez paradoxal pour une série qui s'intitule "Malone", du nom du commissaire divisionnaire chargé de l'enquête, que l'on découvre seulement à la fin de l'album.
J'ai apprécié la maîtrise scénaristique mettant en évidence le sang froid de ce tueur, sans état d'âme et calculateur.
Convaincu par cette série, j'en conseille évidemment la lecture.
Suberbe !
Des dialogues magnifiques...
Un concept et une façon de voir et percevoir le monde exposée par tueur si puissants et argumentés qu'on se sent attiré par ce personnage.
Le commissaire Malone attend la fin du premier album pour faire son apparition et de par ses déductions, on est impatient de voir la confrontation avec le tueur.
Le héros laisse sa place de personnage principal et c'est bien...
Un dyptique bien construit...
Rarement une bande dessinée n'aura délivré une telle puissance introspective et réflexive. Si l'histoire (belle, mais assez conventionnelle) pourrait se résumer en un assez court paragraphe, il n'en ait pas de même des réflexions philosophiques du mystérieux tueur. C'est lui que nous suivons, c'est lui le personnage principal, non pas le commissaire Malone. On dirait, paradoxalement, que de par sa position extrême (celle d'enlever la vie) c'est lui qui arrive le mieux à objectiver de manière froide mais visiblement lucide l'humanité, son rapport au monde et la façon dont l'homme a d'interagir avec ses semblables en se fourvoyant dans des raisonnements subjectifs qu'il croit justes, alors qu'ils l'aveuglent.
Le découpage narratif et graphique consiste en une alternance entre des séquences chargées de textes avec d'autres qui en sont dépourvues. Les dessins sont très réalistes, dans la tonalité du scénario. Quant aux couleurs, pour ma part, ce panorama de gris, de noir, de brun ou de vert terne, me semble participer à la froideur du contexte : un tueur à gages froid, quasi insensible, qui évolue dans des sphères sordides. D'autant plus que ce tueur ne semble pas être très bien dans sa tête...
On aimerait pouvoir dire du mal de cet album car finalement les dessins ne sont pas terribles, le début de l'histoire est bavard et même verbeux !, l'assassin-méticuleux-propre-sur-lui-très-professionnel-mais-qui-a-un-coeur-sous-sa-gabardine fait quand même très cliché.
Eh bien malgré tout cela, ça fonctionne !
En fait on veut surtout savoir ce qui a lié le tueur et la jeune veuve (elle a des faux airs d'Emmanuel Béart jeune).
On verra avec le second album ce que vaut vraiment la série. En attendant, voici un très gentil moment de détente.
Peu de dialogues, des planches bien construites... On est loin cependant de l'impact que représente la série culte Le Tueur de Jacamon/Matz. Le deuxième volume situera cette BD dans la catégorie géniale ou moyenne.