U
ne étrange épidémie frappe la capitale d’un archipel, dénaturant les habitants, qui, devenus fous, s’entretuent. Pour stopper la contagion, les prêtres allument de grands brasiers pour y purifier les victimes. Mais Alatéa voit dans cette maladie sournoise tous les signes du Veill, ce fléau dont sa grand-mère lui contait les ravages dans les contrées d’où elle venait. Elle tente de le faire comprendre aux autorités, en vain. Persuadée qu’un dragon est tapi dans les environs, la jeune fille décide d’accepter l’héritage de son aïeule afin de combattre la bête que seule une vierge peut vaincre.
Chevaliers Dragons est le fruit d’une fusion : celle d’un scénario français et d’un graphisme coréen. L’essai est intrigant et le résultat étonnant.
De l’histoire racontée par Ange, que dire, si ce n’est qu’elle reprend les ingrédients déjà éprouvés de la série d’origine ? Le fil du récit ne diffère guère de celui de la Geste des Chevaliers Dragons ; il en est une relecture, une variation, mais l’ensemble est un peu léger. Et l’originalité certaine du changement d’univers – une contrée où il n’y a jamais eu de dragons ni de Veill et qui ignore tout de la caste des célèbres vierges combattantes – n’est pas suffisante pour passionner complètement le lecteur. Quant aux thèmes de l’ignorance, de la défiance envers les propos d’une étrangère, de l’aveuglement des chefs religieux, quoi qu’effleurés rapidement, ils jouent bien leur rôle de catalyseurs dans le choix de l’héroïne et l’acceptation de son héritage. La mise en abîme finale confère une dimension un peu plus profonde à l’album tout en convenant parfaitement à une geste.
La véritable nouveauté et l’intérêt viennent du dessin de Dohé. Malgré un découpage inégal, des maladresses et un aspect trop figé, le trait du manhwaji est plaisant, précis, non dénué de délicatesse pour les personnages féminins. Réaliste quand il s’agit de vues de la cité, il correspond plus à l’univers fantastique dans les scènes d’action ou dans l’antre du dragon. Le contraste est surprenant et en déroutera plus d’un. Le même étonnement saisit le lecteur au vu des couleurs. Passée la surprise de sauter de couleurs vives à des tons sépia ou gris sans en comprendre immédiatement la raison, on prend plaisir à en observer les nuances et à apprécier leur rendu en fonction des atmosphères ainsi créées. Enfin, il est difficile de ne pas sourire en voyant l'armure très déshabillée d'Alatéa. Mais au moins aura-t-on échappé au fleurissement de poitrines dénudées et de courbes avantageuses, propres aux tomes de la série-mère, sur la plus grande partie de cet album.
Les inconditionnels de la Geste des Chevaliers Dragons seront peut-être déçus par cet album ou réfractaires au style graphique, marqué par la patte asiatique. La fusion est pourtant assez réussie et Chevaliers Dragons ne démérite pas. Après tout on y trouve une jolie fille, une épée et un dragon ! A découvrir.
Un album qui aurait pu s'intercaler dans la série mère sans en faire un hors-série.
Le travail est correct mais n'apporte rien de nouveau : c'est une énième variation du thème des Chevaliers Dragons, ici le Viell, passe pour une épidémie. Seule, une jeune fille connait la vérité grâce aux récits de sa grand-mère (une ancienne Chevaliers) qui était considérée comme une affabulatrice.
Le dessin de l'artiste Dohé, donne un côté asiatique à l'ensemble sans placer le background de l'histoire en Extrême-Orient.