Elles regroupe neuf nouvelles érotiques composées par Frédéric Boilet entre 1997 et 2003. Si certaines – «Histoire presque sans paroles» et «Les ampoules de Mariko» - ont été intégrées à ses œuvres déjà parues, la plupart sont inédites en France.
Le lecteur découvre au fil des pages, le goût de l’artiste pour les femmes et leurs corps, sa façon de rendre leur hommage et de sublimer leur chair, leurs formes, leur désir comme leur volupté. Il permet de retrouver également l’habitude de Boilet de mettre en avant ses modèles et d’en faire les muses de ses historiettes à caractère autobiographique. Cependant, les histoires sont assez inégales, le propos s’avérant quelquefois trop commun, vide, dérangeant ou laissant un goût de trop peu. Ainsi «Une belle manga d’amour» joue avec les stéréotypes et reste assez convenu. En revanche l’issue de «Oies blanches et grains de beauté» engendre un sourire alors que le côté voyeur de l’ensemble et l’exhibitionnisme qui l’accompagnent mettent un peu mal à l’aise. «Néri 2004» passe rapidement comme la jeune femme de l’histoire.
De même la charge émotive qui pourrait emmener l’ensemble s’émousse-t-elle au gré des nouvelles. Montrer les corps nus, les caresses, l’acte sexuel n’est pas tout. Boilet s’y entend pour les dévoiler sans fausse pudeur, mais pèche parfois par manque de sensualité. «Une belle manga érotique» oscille ainsi entre un érotisme voluptueux entraperçu avec une langue léchant une oreille et la manipulation simple, presque mécanique d’un membre en érection, pendant que les personnages papotent. A l’opposé, «Ayutthaya reggae» et «Autant en emportent les foufounes violettes», malgré un traitement très différent, transmettent une émotion plus sensible et moins crue. Au centre de l’ensemble, «Histoire presque sans paroles» expose et étale tout dans une débauche de couleurs chaudes. Pourtant, l’auteur ne verse pas dans l’obscénité et c’est là son talent.
Pour ceux qui aiment particulièrement les récits et le dessin de Frédéric Boilet, Elles les comblera sûrement. Effeuillez l’album page à page, nouvelle par nouvelle, pour goûter l’album et ses moments d’intimité sans parvenir à l’écoeurement d’un trop plein de chairs nues.
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J'ai bien aimé ces neufs récits érotiques où l'auteur va véritablement sublimer la femme sous toutes ses coutures. On pénètre dans la chair et l'intime quitte à prendre comme modèle une jeune fille assise sur un banc public en plein coeur de Tokyo. On connaît la passion de cet auteur pour le pays du soleil levant à travers les nombreuses autres oeuvres qu'il a écrites jusqu'ici. Il fait dans la drague à fond pour un résultat qui dépasse les espérances dans sa recherche du plus beau des mangas érotiques.
On se laisse gagner par la volupté des formes, par le sens de ces mots mi-poétiques et par ce côté très sensuel qui ne manque pas d'exotisme pour nous autres européens. C'est quelques fois très cru d'où une lecture déconseillée aux plus jeunes. Néanmoins, on ne versera jamais dans l'obscénité d'où le talent. On sera surtout gagné par une ambiance très bien rendue grâce aux couleurs chaudes.