A
près s’être prétendument embarqués en tant que VRP de l’espace sur un vaisseau cargo, Valérian et Laureline se retrouvent pour de bon dans le Grand Rien, à la recherche du mystérieux Ouvretemps qui pourrait leur permettre de retrouver la Terre. Mais ils ne sont pas les seuls à le chercher…
Pour célébrer son quarantième anniversaire (!), Valerian ne se refuse rien : série de dessins animés sur France 3, second volet de la trilogie « du Grand Rien » et surtout changement discret mais lourd de signification du titre de la série. Parité oblige ? L’agent spatio-temporel laisse la place à Valérian et Laureline en haut de la couverture, et l’héroïne se permet même de lui voler totalement la vedette dans cet épisode. Déjà sensible dans Au bord du Grand Rien cette tendance se confirme ici surtout par l’effacement de Valérian, y compris au profit de quelques personnages secondaires sans réel autre intérêt que le clin d’œil appuyé à d’autres héros de BD.
Cette fantaisie des auteurs ne parvient en tout cas pas à dissimuler le mal dont souffre la série depuis quelques tomes, et qui se répète ici. Distrayantes, parfois amusantes, les aventures des deux héros manquent de piment, de suspense, de profondeur. Les digressions du début sur le monde idéal sont d’ailleurs révélatrices de ce manque d’inspiration. Si elles permettent à Mezières d’innover en couleurs directes sur quelques cases, elles n’apportent rien de particulier et contribuent à un sentiment général plutôt mitigé.
Certes, les nombreuses qualités de l’ensemble sont intactes et continueront d’enchanter un large public. Mais les lecteurs qui découvraient autrefois avec bonheur la bande dessinée de science fiction avec Valérian, constateront sans doute avec tristesse que leur héros est à la peine face à des productions actuelles plus excitantes.
Valérian et Laureline perdus dans le Grand Rien...
... et nous aussi, oserais-je ajouter, sans craindre la facilité ! Il y a plus de 30 ans, Valérian (sympathique abruti) et Laureline (intelligente et sexy) nous avaient entrainés à leur suite dans des aventures spatio-temporelles (si, si !) qui fleuraient bon les grandes idées de notre génération soixante-huitarde : on avait donc découvert que les galaxies était peuplées de dictateurs aussi corrompus que pitoyables, qu'un jour leurs peuples les renverseraient, mais surtout que la femme était tellement l'égale de l'homme qu'elle lui était bien supérieure. Et puis, Christin et Mézières nous avaient offert le premier "roulage de pelle" entre deux héros de BD pour enfants (sûr que Valérian lui avait mis la langue !). En 2007, Christin ne peut que constater que les jeunes chinoises font de redoutables CEOs redressant des industries à coup de délocalisations, ce qui, admettons-le, ne surprendra personne. Par contre, dans le Grand Rien, on ne nous entendra pas bailler d'ennui : en convoquant les personnages de maintes aventures précédentes dans un inventaire à la Prévert, en cherchant désespérément, non pas la Planète Terre volatilisée dans l'Espace-Temps, mais le fil d'une saga qui s'est depuis un jour égarée, Christin ne s'est pas aperçu qu'il ne nous raconte plus rien depuis longtemps...
Franchement décue par ce nouveau tome. Ok, je ne suis pas une fan de la série, mais là, nous avons des dialogues frisant la bêtise, des personnages toujours aussi caricaturaux, une histoire avec de gros méchants non identifiés dans le vaste univers... Mouais.
C'est valérian qui m'a fait aimer la bande dessinée, surtout l'album sur les terres truquées, chef d'oeuvre absolu de la bd de sf selon moi (et beaucoup d'autres). Mais il faut reconnaitre que le trait de mézieres n'a plus la magie de ses débuts. Est-ce pour autant que la série est devenue mauvaise ? Loin de là ! Valérian et laureline nous entrainent toujours dans des aventures passionnantes à la découverte de mondes, de personnages et de créatures merveilleuses, fascinantes ou excentriques, et christin et mézieres restent de formidables créateurs d'univers. Valérian est LA référence en sf made in france, et ma note est une note globale pour la série, et non pour cet album en particulier, qui est très réussi tout de même.