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our peu que l’on s’intéresse un minimum à la bande dessinée, le personnage de Peter Pan évoque inévitablement la série éponyme de Régis Loisel, au moins au même titre que le livre originel de James Matthew Barrie ou le dessin animé des studios Walt Disney. Avec Loisel, dans l’ombre de Peter Pan, Christelle Pissavy-Yvernault propose un long entretien avec l’auteur sur cette oeuvre majeure qui l’aura accaparé pendant quatorze ans, le tout agrémenté de divers témoignages et hommages.
Le premier chapitre est centré sur l’homme plus que sur son ouvrage. On y découvre une personnalité attachante, passionnée, particulièrement imprégnée de ses souvenirs d’enfance. Loisel apparaît comme un autodidacte qui n’a jamais cessé de développer son dessin depuis son plus jeune âge. Conscient de ses capacités et de son talent, il n’en est pas moins modeste et convaincu du besoin qu’il a de travailler son trait encore et encore.
On entre ensuite dans le vif du sujet, avec une captivante analyse tome par tome de la série, permettant à l’auteur d’expliquer comment il pense et construit ses planches, mais aussi de revenir sur ses états d’âme de l’époque. Viennent aussi des explications sur les corrélations avec les œuvres de Barrie ou Disney, mais surtout la réponse que tout le monde attend sur le lien entre Peter Pan et Jack l’éventreur. Cette idée, soumise par Pierre Dubois, eut un impact majeur dans l’esprit du dessinateur de La quête de l’oiseau du temps. Les deux hommes y reviennent d’ailleurs lors d’une rencontre amicale tout à fait intéressante. Si Loisel a son point de vue personnel - et secret - sur la question, il prétend qu’il a tout fait pour que chaque lecteur puisse choisir son camp, et qu’il n’y a pas une réponse unique à découvrir. Certains de ses lecteurs s’en plaignent, mais peu importe, il était fondamental pour lui de ne rien affirmer qui puisse être trop catégorique et préjudiciable à la cohérence entre sa vision de la genèse de Peter Pan et la suite de ses aventures.
À noter également, entre autre, une discussion avec Jean-Pierre Gibrat sur la différence entre la beauté et le charme, ainsi que 19 dessins de la sulfureuse fée clochette, par des auteurs tels que Guarnido, Marini, Franck Pé, Dany ou autre Malfin (*). On referme alors cet imposant ouvrage de près de 300 pages avec l’irrésistible envie de se replonger dans cette œuvre majeure de la bande dessinée.
(*) Les originaux de ces 19 dessins seront vendus aux enchères sur Ebay le 11 février au profit de l'Hôpital des Enfants Malades de Paris.
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