A
sphodèle a perdu son frère, et cette disparition laisse un grand vide dans sa vie. Mais une nuit d'Halloween, alors qu'elle erre seule avec son chagrin, un curieux individu qui s'exprime bizarrement va la suivre et lui parler, pour tenter de faire renaître sur ses lèvres un sourire.
Il est bien court, le résumé d'Halloween. Ce sont peu de mots pour raconter brièvement l'un des textes les plus forts de la bande dessinée consacré à la mort. Cette nouvelle édition, grémentée de 26 planches supplémentaires, voyant ainsi sa pagination doublée, explique certaines ellipses de l'originale proposée par Le Cycliste. Celle-ci ajoute de la force mais prive peut-être d'une partie de l'aspect "brut" de l'ancienne. L'histoire a plus de place pour s'étendre, ajoutant ainsi quelques clins d'oeils pas forcément utiles, mais surtout une grande partie de la discussion entre Asphodèle et son frère dont les premiers lecteurs n'avaient pu jouir. Et c'est dans ces planches que réside une grande partie de l'émotion nouvelle créée par cette mouture. On voit le garçon accompagner cette petite, et surtout on peut partager le ressenti de l'enfant, cette tristesse poignante et ce dégoût du monde qui la font haïr tout ce qui l'entoure, uniquement parce que son frère n'y est pas.
Que pourrait-on trouver à redire au graphisme d'Olivier Boiscommun ? Couleurs directes sur un trait superbe, envolées lyriques des décors, justesse des visages, tout est parfait dans ses planches ! Le dessinateur a un sens de la composition extraordinaire, ce qui donne une force sans égale à ce qui pourrait s'apparenter plus à des illustrations qu'à des cases de bande dessinée.
Généralement, les "éditions augmentées" ont plus de défauts que de qualités. Ici, c'est une bonne manière de redécouvrir le meilleur album de Boiscommun, qui se bonifie encore avec ces ajouts. Une excellente initiative, donc, à saluer comme il se doit. Ce n'est pas tous les jours que les bijoux font peau neuve.
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