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emo vit avec sa soeur Machiko depuis que leur père a quitté la maison après avoir maltraité son épouse. Celle-ci, en prison pour s'être défendue, arme à la main, contre l'agression de son fils ainé, laisse deux enfants traumatisés livrés à eux-mêmes. Depuis ces évènements, Uemo est perturbé, tiraillé entre la peur de devenir un jour lui aussi une brute épaisse et les bagarres qu'il provoque d'écoles en écoles. Alors qu'il traîne dans l'établissement, il découvre l'aïkido et y voit le moyen de devenir le plus fort pour ne plus jamais perdre la face. Daniel, le professeur canadien enseignant l'art martial, lui fait la morale et tente d'apaiser cet adolescent hyperactif.
Toute personne ayant pratiqué un art martial dans sa vie sait que le premeir enseignement des senseï consiste à faire comprendre qu'il ne faut jamais user de ses connaissances en dehors du tatami. Pour Uemo, les coups rythment son quotidien : qu'il les reçoive, les donne ou les observe sur ses proches. L'auteur choisit donc de raconter comment un adolescent incontrôlable trouve du plaisir à pratiquer un sport de combat tout en apprenant petit à petit le self-control et quelles répercussions cette mentalité nouvellement acquise aura sur ses choix personnels. Evoluant entre sourire aux lèvres grâce à une dose d'humour porté par le maître et larmes à l'œil suscité par l'environnement familial, Tomo Taketomi jongle habilement avec les sentiments et les rappels de morale sans jamais tomber dans le cliché.
Le dessin est agréable : un univers réaliste où les contrastes sont du plus foncé dans les instants de violence, au plus clair dans les moments calmes. Les quelques coups et prises sont très visibles et compréhensibles pour les initiés à l'aïkido comme pour les autres. Les bulles ne sont jamais trop chargées, le tout est très fluide et se lit plutôt rapidement. Kana soigne toujours ses éditions. Pour l'anecdote, on notera seulement un mot oublié mais rien qui nuise à la compréhension de la scène en question.
Evil Heart traite d'une triste réalité tout en proposant une voie pour s'en sortir, considérant que le sport peut offrir une issue pour échapper à une situation difficile. Loin d'être réservée aux seuls amateurs d'aïkido, ce manga s'adresse surtout à tout ceux qui croient aux vertus du sport.
J'ai eu du mal au début avec ce manga à cause de la personnalité turbulente du petit Uméo. Cependant, petit à petit , on arrive à comprendre ce que cache cette violence. Certes, on évitera pas tous les poncifs du genre avec par exemple l'étranger européen qui apprend les arts martiaux en prônant la non-violence. L'aikido a d'ailleurs le vent en poupe dans notre pays.
Bref, c'est le genre de manga qu'il ne faut pas lâcher au début mais laisser une chance de prendre. Il a des qualités mais également des défauts inhérent au genre. Autre chose qui m'a un peu marqué: c'est le troisième manga d'affilée que je lis où des enfants sont obligés de vivre tout seul sans leurs parents pour diverses raisons qui se justifient ou pas. Cela serait impensable en France. Est-ce que cela se pratique vraiment au Japon ? Bon, en tout cas le procédé nous permet de suivre les aventures de ce petit garçon et de sa soeur qui n'ont réellement pas eu de chance dans leur vie.
Très bonne série avec des personnages intéressants et des personnalitées très bien traitées avec comme problème de fond la violence et la mise en avant de certains problèmes familiaux. Tout au long des trois volumes on suit avec intérêt l'évolution du petit Ume qui cherche à protégers sa famille de son frère très violant et lui même dans cet objectif rentre dans une spirale de violence aveugle envers à peu près toute personne l'embétant un tant soi peu mais la pratique de l'Aikido va lui permettre de sortir de cette spirale. On a pas de réponse sur la façon dont il réglera le problème avec son frère (je me demande si la série n'a pas été abandonnée au Japon plutôt que terminée) mais on peut considérer la fin comme une fin ouverte absolument pas problématique et même relativement logique.