A
près avoir été contraint d’exécuter sa promise Noémie, Bouncer s’est juré de la venger en prouvant la culpabilité du richissime Cark Cooper. Mais ce dernier a des ressources. Privé du mercenaire Garrack et ses hommes de mains, il loue maintenant les services des frères Villalobos à la sinistre réputation, et entend bien ne pas laisser la révolte se développer dans son voisinage. Tandis qu’une femme arrive en ville pour remplacer son père ancien bourreau mais surtout le venger, un mystérieux indien, White Elk, sème la terreur en assassinant certains notables.
La Proie des Louves clôt le deuxième cycle d’une série qui s’impose définitivement comme LA référence actuelle en matière de western. En trois tomes, Jodorowsky a su en effet admirablement mettre en place et dérouler une intrigue captivante aux innombrables rebondissements et à l’action omniprésente. Sans atteindre les extrêmes nauséabonds de Juan Solo, il ne laisse aucun répit à son Bouncer et offre un western dur et violent, digne des plus grands Sergio Leone, Il était une fois dans l’Ouest en tête. Les révélations sont elles aussi abondantes et parfaitement distillées, donnant à l’ensemble de l’histoire une réelle épaisseur et un intérêt redoublé.
Que dire ensuite du travail de Boucq qui n’a jamais semblé autant à son aise ? Rien ne l’arrête ! Les scènes d’action sont à couper le souffle, les cadrages et autres angles de vue tout à fait judicieux, à tel point que l’on referme l’album en ayant l’impression d’avoir vu un film explosif. Quant à la haine des personnages, la détresse, la violence, la douleur, elles ressortent décuplées par son dessin à l’expressivité remarquable, bien que par moment un peu trop excessive, à la limite du caricatural.
Certains pensaient que passés Blueberry ou Comanche, le western n’avait plus sa place en bande dessinée. D’autres que Jodorowsky pouvait prendre sa retraite. Tous avaient tort. Il suffit de lire Bouncer pour s’en convaincre.
Et pour les plus réticents, voici un extrait d’une interview de Giraud lui-même parue dans Bo-Doï ® n°100 :
« J’ai failli franchir le pas avec Boucq, qui correspondait parfaitement à la volonté de rupture graphique que je souhaitais. Le projet n’a pas pu se monter, je le regrette encore, surtout en voyant le sublime Bouncer qu’il fait avec Jodorowsky. Quand je pense qu’après la mort de Charlier j’avais proposé à Jodo de reprendre le scénario de Blueberry… Il était emballé ! Je savais qu’il me ferait un super scénario. Mais là encore, je me suis défilé. J’avais tellement envie de montrer que j’étais capable de prendre la suite de Charlier ! »
>> Chronique du tome 4.
Cet épisode relate la fin d'un cycle, la vengeance de White Elk, le père de Bouncer. Tout est intense, les personnages haut en couleur, leur violence, les scènes d'action et de tuerie, les moments d'accalmie. Même l'amour est maltraité avant de renaitre comme un symbole à la fin de l'ouvrage. Les planches superbes illustrent ce mouvement incessant et barbare comme un ballet survolté ou s'entrechoquent les destinées. On ne sort pas indemne d'un tel univers... Bravo !
Outrance et hyperbole sont les caractéristiques de cette série morbide et sanglante. Jodorowsky lui fait cotoyer constamment le pire et le meilleur.
L'histoire de ce volume qui clôt la saga entamée dans le tome 3 n'est pas pire qu'un western italien de série B mais pas meilleur non plus.
Le bouncer va donc massacrer quasiment à lui tout seul près de 30 pistoleros, quant à la confession de "lord diablo" elle est digne des plus éculés roman-feuilletons du 19ème siècle.
Néanmoins la sauce se laisse déguster même si on peut la trouver assez peu légère. Le talent de Boucq doit y être pour quelque chose.
Fin d'un cycle j'éspère, car comment faire sans bouncer maintenant, en effet aprés avoir renouvelé le genre BD Western, Jodorowsky ne doit pas nous abandonner en chemin et arreter cette magnifique série, servi il est vrai par un Boucq au meilleur de sa forme, de plus ne pas se cantonner aux sacro saintes 48 pages est un régal.
A lire, relire et plus .....