I
-no-Atama semble être une petite ville de banlieue bien tranquille. Pourtant Shiori et Shimiko peuvent affirmer qu’elle abrite une multitude d’êtres cauchemardesques et qu’il s’y déroule de nombreux évènements singuliers. Une tête décapitée vivant dans un aquarium, un chat transformiste, un cuisinier versé dans les méthodes de suicide, l’étrange petite Cthulhu et son monstre Yog Sothoth, voilà de quoi faire frémir les deux lycéennes.
Les titres de "kowaï" (mangas d’horreur) commencent à proliférer. Après La femme défigurée, le Lunatic Lover’s ou le Manoir de l’horreur, voici les aventures de Shiori et Shimiko.
La peur est au rendez-vous des dix nouvelles de ce premier tome. Mais à la sauce « Chair de poule », collection pour adolescents en quête de sensations fortes mais pas trop. Il y a bien de quoi effrayer ou faire cauchemarder les âmes sensibles, à commencer par l’attirance malsaine des deux héroïnes pour l’horreur, ou l’idée saugrenue de Shiori de ramasser une tête abandonnée par le désaxé qui l’a tranchée. Cependant, les situations initiales de chaque récit virent rapidement aux délires exacerbés issus d’imaginations trop fertiles, ce qui est assez déroutant. Quelquefois le grotesque vient se greffer aux aventures, comme l’illustre un bombardement de pâtisseries fantômes pour venir à bout d’un camion-citerne fou. Et faut-il prendre pour un trait d’humour ou un hommage qu’une fillette à l’aspect peu engageant et aux goûts glauques se prénomme Cthulhu et que Yog Sothoth son monstre de compagnie soit toujours à la merci d’un matou replet ? S’il faut en croire ce qu’écrit Daijiro Morohoshi dans la postface, il s’agit bel et bien d’un clin d’œil à H. P. Lovecraft, sur un mode décalé, comme le reste de l’œuvre…
Graphiquement, il est difficile d’accrocher aux premières pages, car le trait paraît assez hésitant sans être déplaisant. Le découpage est classique, les décors simples et certaines attitudes manquent de fluidité. Il n’y a même quasiment rien de gore ou de réellement horrifiques dans les dessins - nous sommes très loin de Maruo Suehiro et de Kanako Inuki par exemple. Mais les regards écarquillés des créatures peuplant La tête décapitée finissent par mettre le lecteur mal à l’aise à cause de leur fixité dérangeante.
Shiori et Shimiko en fera trembler certains (ces mêmes jeunes filles auxquelles s’adressait l’auteur dans la revue où paraissaient ses histoires ?) et rire d’autres. Frissons non garantis pour ceux qui essaieront…
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