Tennen - Pur et Dur 1. Tome 1

T aiji, petit caïd à la réputation bien établie, a la faculté bien encombrante de voir des morts dans l’environnement quotidien, comme s’ils étaient encore bien vivants. C’est si difficile à vivre que lorsque son grand oncle lui apprend sur son lit de mort qu’il pourrait en être débarrassé en devenant un bonze, celui-ci, tout yakuza qu’il est, embrasse une nouvelle destinée.

Prenez un jeune type, si possible vulgaire et violent, d’une moralité douteuse, et placez-le dans l’environnement exactement opposé à son tempérament (un lieu de culte, une école…) : il pourrait bien révéler des qualités insoupçonnées. Ressort d’un nombre incalculable de fictions, le comique de situation a déjà fait les beaux jours d’un autre shönen auquel il est impossible de ne pas penser à la lecture de Tennen : G.T.O.. Dans les deux cas, le personnage central est délinquant, n’a pas d’ambition précise et se retrouve presque malgré lui engagé dans une voie qui fait de lui un leader moral. Pour en arriver à ce statut, les deux recourent évidemment à leur tempérament bagarreur ou à des moyens qui n’ont pas forcément cours dans un temple bouddhiste ou un lycée. Avec pour résultat final en principe, un bon divertissement au rythme soutenu et au ton joyeusement irrévérencieux.

Oui mais il ne suffit pas d’adapter une bonne idée pour recueillir le même succès. S’il est facile et amusant de se figurer un pseudo-professeur fantasmant sur les petites culottes des lycéennes, le parcours initiatique d’un bonze a quelque chose d’un peu moins passionnant. Et si le comique visuel typique du manga (faciès caricaturaux, situations ridicules, bagarres improbables) fonctionne toujours facilement, des personnages moins travaillés et moins drôles, un dessin un peu moins fin et efficace peinent à faire oublier l’original.

Certes on sait qu’il faut parfois laisser un peu de temps aux séries manga pour s’installer et trouver leur rythme. Annoncée en 7 tomes, Tennen ne doit pourtant pas traîner en chemin. Espérons que le second tome qui devrait paraître ces jours-ci viendra atténuer une impression mitigée.