L
es bouches d'égouts dans lesquelles étaient enfermées des hommes ligotés, placées là par un monstre aux motivations inconnues, n’ont pas livré tous leurs secrets. L’interrogatoire de l’une de ces victimes n’est guère plus éclairant, tout juste permet-il d’établir un lien pour le moment obscur avec une affaire passée. La menace d’une contamination à grande échelle est toujours réelle. Dans un quartier de la ville, un foyer de filariose est repéré…
Le second volet de Manhole débute de la meilleure manière qui soit dans le genre : un homme répugnant sortant de nulle part poursuit une jeune femme qui cherche à lui échapper. Sa démarche cahotante et sa froide détermination sont celles d’un zombi. Obstiné, il ira jusqu’au bout. Les 27 premières pages sont remarquables par leur rythme, leur sens du cadre et cette chute qui désarçonne un lecteur les ayant parcouru du plus vite qu’il pouvait. Haletant.
La suite laissera plus de répit, et garde l’instigateur de la menace qui pèse sur la ville (et probablement bien au-delà) à distance. La contamination gagne du terrain et il convient d’éviter qu’elle se propage avant de s’attaquer à celui qui en est à l’origine. Place donc au travail de terrain aux côtés d’une équipe de décontamination, ordinaire et héroïque à la fois, avec laquelle on découvrira un foyer d’infection, sa cause et son remède, coup de théâtre intermédiaire en bonus. C’est détaillé, d’une certaine manière documenté, et toujours servi par un dessin précis et un découpage adéquat. De quoi oublier l’épisode qui met l’inspecteur Mizoguchi en contact avec un malade et qui ne fait trembler que sa jeune collègue.
Bref, pas de quoi ternir une impression d’ensemble tout à fait positive. Une seule ombre, si l’on peut dire, à l’horizon : il ne reste que 200 pages à Tetsuya Tsutsui pour boucler son triptyque de manière convaincante c'est-à dire en tirant le meilleur des ingrédients sur lesquels il joue depuis le volet 1 : menace diffuse qui semble frapper à l’aveugle, destruction massive potentielle, peurs urbaines, odieux manipulateur qui opère dans l’ombre, touche de gore, pointe d’arguments scientifiques et suspens. Si le final tient ses promesses, une question se posera : « sûr qu’il n’y avait pas moyen de prolonger un peu plus le "plaisir" ? » Il y a pire comme reproche, mais attendons de voir.
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