A
la recherche d’un emploi stable de photographe, Zhiqiang décide de participer à un concours dont le thème est « le paradis sur terre ». Une image lui vient à l’esprit : celle des montagnes de son enfance, de la jeune Siyi et du Mont du Sud où il avait promis de l’accompagner douze ans auparavant. Lors de son voyage, le passé le rattrape.
Le lectorat français a découvert Pocket Chocolate avec Butterfly in the air paru chez Xiao Pan. Il ne s’occupait alors que des couleurs de l’album et la sortie du Mont du Sud a donc été l’occasion de le connaître comme scénariste. L’histoire, charmante et gentillette, n’est guère originale et un peu trop stéréotypée. Refus du héros d’avilir son art pour « faire du fric », concours venant à point nommé, retour aux racines, souvenirs d'un amour de jeunesse, tout est formaté et paraît sorti directement d’un roman sentimental pour jeunes filles en fleurs. D'ailleurs, pour parfaire l'aspersion d'eau de rose, la soeur cadette ressemble énormément à son aînée disparue et la date du séjour de Zhiqiang coïncide étrangement avec une vieille promesse... Même le côté féerique des apparitions fantasmées de Siyi aux héros n’émet ni ne touche vraiment. Comme si la charge émotive était trop faible dans une intrigue assez creuse.
Cette impression de vide se retrouve dans les pages. Le format A4 ne semble pas vraiment adapté pour cet album comptant en moyenne 4 grandes cases par planche. Il n’a que l’avantage de faire profiter pleinement des très belles couleurs. Indiscutablement Pocket Chocolate possède un réel talent dans ce domaine et sait l’exprimer. Dans un style très différent de celui de Benjamin (Remember), sa palette aux teintes chaudes, toutes en nuance, ne manque pas d’attirer l’œil.
Le Mont du Sud est une romance un peu quelconque mais qui vaut d’être lue, ou simplement feuilletée, pour ses jolies couleurs.
Un scénario encore un peu fragile et ethéré, mais un album à voir pour les amateurs de couleurs poétiques. Un régal pour les yeux. Ce que la Chine fait de mieux en attendant des scénarios plus musclés...