L
es brasseries Kluutch viennent d'organiser un grand concours. L'opération récompense les heureux consommateurs du plus merveilleux des cadeaux : un voyage en car en Belgique pour une visite de la brasserie accompagnée d'une dégustation de bières. Tout un programme ! Les gagnants sont issus de différents milieux et leur rencontre s'accompagne d'un lot de railleries et de moqueries sous cape, somme toute une ambiance bon enfant. Un passager inspire pourtant la crainte : un détraqué armé et ceinturé d'explosifs. Que fait-il là, quelles sont ses intentions et surtout jusqu'où ira-t-il ? L'inspecteur Canardo, appelé à la rescousse, résistera-t-il à l'ombre de la bête ?
Les motivations de l'auteur ne sont pas très claires, au début comme à la fin de ce récit. Prise d'otages, huis clos et embrigadement de détraqué pour attentat suicide sont au menu. Benoît Sokal rappelle son inspecteur préféré de vacances, pour le précipiter dans le piège d'un car de voyage organisé, pris sous la menace d'un individu bas du front et prêt à faire exploser sa ceinture d'explosifs. Troquer son bermuda à fleurs et son cocktail sous le palmier contre une panoplie de négociateur en situation critique paraît naturel pour Canardo, tant il a une aptitude à se fourrer dans les pires traquenards à une vitesse phénoménale. La preuve, il ne lui faudra pas plus de cinq pages, et semble-t-il à peine quelques heures, pour parcourir les 5.000 Kms qui séparent son bar ensoleillé du champ où a échoué le car et ses occupants. Mais qu'importe la vitesse tant qu'il y a l'ivresse ! Sauf que voilà, sans une seule goutte d'alcool pour dérider l'inspecteur, la fantaisie et la poésie de ses premières aventures ne sont pas plus présentes dans cette Ombre de la bête que dans les précédents albums. L'intention de dénoncer un certain fanatisme n'y changera rien.
La détresse a abandonné l'attachant canard comme peut faire défaut à Sokal son sens du récit épique tel que développé dans Le chien debout, l'Amerzone ou la Cadillac blanche. Car pour qu'une de ses histoires soit réussie, il est nécessaire d'avoir quelques éléments indispensables : une condition humaine sordide à souhait, de l'alcool, des cigarettes, la perspicacité foudroyante du héros et son humour désabusé. Force est de constater qu'une certaine carence subsiste depuis de trop nombreuses planches. Pascal Regnauld est crédité en début d'album mais pour quelle contribution ? Mystère ! Ni le relatif vide scénaristique, ni le pauvre décor d'un intérieur de véhicule de transport en commun, avare en possibilité d'expression graphique, ne permet de lever le voile.
Seul reste ce regard si déprimant et non moins envoûtant d'un Canardo sûr de lui et inébranlable mais devenu l'ombre de lui-même.
Nouvelle enquete de l'inspecteur canardo et nouvelle désillusion.Fan depuis le premier tome on ne peut que constater que le scénario des albums de canardo est depuis un bon moment absent meme pas mauvais tellement il n'y en a pas.Dommage vu la personnalité de notre cher inspecteur à plumes