S
ur l’île du Démon, terre perdue au large du Japon, Togaro culpabilise encore d’avoir laisser Tana sa grande sœur se faire emporter par les vagues quand elles étaient enfants. Elle ne sait pas que c’est l’étourderie de Kukuru, devenu son mari, qui en est la vraie cause. Des années après, lorsqu’une inconnue, sosie de Tana, échoue sur les rochers, Togaro la prend sous sa protection. Mais bientôt la multiplication des signes annonciateurs d’une éruption volcanique font de Manamé la naufragée la responsable idéale des problèmes du village.
Dans Rivage, Haruko Kashiwagi (Initiation) propose de suivre un groupe de villageois primitifs, son rapport à la nature et à l’étranger. Présentée comme une spécialiste des comportements ethnico-sociologiques, l’auteur semble parfaitement maîtriser son sujet. Cependant rien dans ce premier volume ne donne l’impression d’une leçon d’anthropologie poussée ou qui enseignerait quelque chose. Au contraire, tout paraît très simple, connu voire évident et on referme l’album sur un « certes, mais encore ? » dubitatif si ce n’est sceptique. Que la mangaka ne verse pas dans le sensationnel alors que tous les ingrédients sont réunis pour cela ancre l’histoire dans le réalisme. On est alors d’autant plus déçu par l’absence de surprise et le peu d’intérêt éveillé par les personnages. Finalement seule la mention de l’ère Heian (794-1192) durant laquelle se déroule le récit paraît bien mystérieuse. Citer cette période d’apogée de la cour impériale japonaise aura peut-être son importance par la suite ?
Le graphisme et le découpage sont fluides et dynamiques. La mention « pour public averti » se réfère aux corps nus des habitants de l’île du Démon qui ne dégagent pourtant aucun érotisme particulier. On croirait plutôt suivre un reportage très légèrement romancé sur une peuplade du Pacifique isolée du reste du monde.
Ce premier tome de Rivage ne convainc pas totalement et, en le refermant, le lecteur se demande s’il n’a pas raté quelque chose. Le prochain volume satisfera peut-être mieux sa curiosité.
>> Lire la chronique du volume 1 d'Initiation
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