«- On ne trouve plus de travail en France» !
«- Formidable ! Ça prouve que le travail à faire est fini !»
Ce dialogue sur la couverture résume assez bien les aventures - peut-on réellement parler d'aventure lorsqu'il s'agit du travail – de Théocrite, un employé malmené par son patron. Jean-Luc et Philippe Coudray redonnent vie à leur personnage qui connut précédemment deux albums aux éditions Hélyode au début des années 90.
Cette fois-ci, ils passent au crible le monde impitoyable de l'entreprise et plus particulièrement les relations entre employés et patrons. Avec une justesse de ton, beaucoup de cynisme, ils font mouche à chaque page. Les dialogues sont ciselés, d'une efficacité redoutable et sonnent terriblement justes. L'argent est au coeur du débat, entraînant des discussions presques ubuesques sur les thèmes tels que le chômage, les cadences infernales, la libéralisation des marchés ou encore la publicité.
Le plus surprenant reste, sans conteste, le décalage entre le propos et son illustration. Philippe Coudray utilise des canards pour mettre en images ces conversations si insensées. Son trait est d'une grande simplicité et il a choisi des décors minimalistes et aburdes, renforcant encore plus les propos des volatiles.
Epoque à vendre se lit avec plaisir car les auteurs, avec un ton irrévérencieux, ont su dépeindre le problématique du monde du travail au travers des rapports de force entre les employés et leur patrons. Jean-Luc Coudray manie le second degré avec beaucoup de précisions, avec un sens de la répartie incisif. Un album à découvrir.
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